Interview #04 : rencontre avec Guig'z pour « Salut ça rap (vol.1) » (compile)

Salut, ça rap Guig’z ?!

Entretien réalisé à l’automne 2022.

Celles et ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la scène indé du grand Est connaissent forcément Guig’z aka le voyageur mexicain de Mulhouse.
Productif à souhait – il vient, entre autres énormes freestyles, de faire paraître un énième clip, « Bonne raison », avec Rms et Mej – autant qu’actif – il vient, entre autres !, d’organiser la première édition du festival Sarreboom ! avec l’équipe d’Evergreen –, ce MC originaire de Dijon est un véritable « hyperactiviste » du rap.
D’un banal échange sur nos projets respectifs est né un contact courtois fait de sympathie et d’intérêt aussi bien pour nos travaux que pour la scène rap. Il n’en faut pas plus pour saisir l’occasion de mener à bien une petite interview afin de mettre en lumière ce rappeur, Guig’z, et sa compile Salut ça rap (vol.1) !

Guig’z – Salut ça rap (vol.1)
13 avril 2022
Compile de treize titres
YouTube / Spotify / Deezer / Apple Music

Salut Guig’z, ça rap ou quoi ?! Bienvenue sur le webzine du 901 crew. Toi qui es actif sur pas mal de fronts, avec un CV rapologique qui ne fait que grossir, peux-tu te présenter en détails à nos lecteurs ?

Salut les amigos, ça rap carrément ici, j’espère que ça rap pour vous et les vôtres. Moi c’est Guig’z, j’ai commencé le rap à la fin du lycée, du côté de Dijon, aujourd’hui j’ai presque trente ans et pas l’intention de m’arrêter. Ce que j’écris c’est du conscient avec beaucoup de rimes, j’aime le sport qu’on appelle la multi-syllabique, ce genre de sudoku pas prise de tête.
J’ai la chance d’écrire dans mes deux langues : français et espagnol, j’ai vécu presque dix ans au Mexique. Aujourd’hui j’habite l’Alsace, j’y suis arrivé en 2019, sur la pointe des pieds, sans connaître personne et juste avant les périodes de confinement, nickel. Voilà en quelques mots pour la partie projet perso ; à côté, je suis aussi dans le staff de Freestyle Roulette (Instagram), on fait des concours et des lives sept jours sur sept de 20h à minuit, c’est une sorte d’open mic virtuel avec une belle communauté, bonne ambiance. Là, récemment, je me suis mis aux ateliers d’écriture pour les jeunes des centres sociaux du coin.

L’Amérique latine est omniprésente dans l’ensemble de ton projet musical, du simple t-shirt de foot dans un clip aux textes entièrement en espagnol. Le Mexique te tient à cœur : tu nous racontes un peu ? Le rap, là-bas, ça dit quoi ? Et les connexions qui ont perduré par-delà l’Atlantique ?

Quand j’écris je suis moi-même, je n’ai pas créé un personnage pour ma musique, donc forcément ce dont je parle c’est ce que je connais, mon petit vécu, mes opinions, etc. Le fait d’avoir habité dix ans au Mexique est très présent dans ma vie, ça a changé ma vision des choses et ça m’a changé en tant que personne, j’ai beaucoup de souvenirs là-bas, ça a donc une place importante dans ma musique, ça m’inspire. Quand j’y vivais à la fin de mes études (2014-2018), je faisais déjà du rap, uniquement en français, ça m’arrivait de faire des concerts dans la communauté étudiante, et je me rendais bien compte que les gens ne captaient que le flow. C’est là que je me suis dit que je devais m’entraîner dans les deux langues. Depuis j’ai écrit pas mal de couplets en espagnol et ça a commencé à me plaire, même si j’ai toujours eu du mal à y écouter mon accent français.
Le rap mexicain je l’ai découvert à cette même période, grâce aux amis pendant les études, mais concrètement ça a commencé lors d’un stage dans un label/studio de musique, La Cuatro Records, j’accompagnais les artistes (punk, métal, rock), dans leurs sorties de projets, pour tout ce qui était en dehors de la direction artistique : tout le business plan (proposition de valeur, partenariats, communication, budgets, retroplanning, etc.). Comme je m’y suis plu et que j’avais fini mes études ainsi que mon année de stage, j’ai proposé de rester et de créer la branche musique urbaine, ils ont accepté. C’est là que j’ai commencé à faire pleins de connexions et à diriger plusieurs projets. Si je devais n’en citer qu’un seul : Rola 16. C’était un concept (bien pompé sur Give me 5 lol) où chaque mois j’invitais cinq artistes, un beatmaker pour faire un son clipé en une demie journée. La première année on a fait sept épisodes, la deuxième on a mis en avant les beatmakers en créant une beatape, Mucha hueva pocos huevos, avec les producteurs locaux. On l’a sortie et on a refait comme la première année des épisodes, sous la forme de bonus tracks, un bonus track/prod. On a organisé des concerts, sorti des projets subventionnés par le label pour trois artistes, cinq disques en deux ans. Je dirais qu’en tout j’ai dû rencontrer plus de cent cinquante MC’s et beatmakers, on a rec des grosses têtes, bref, j’en garde énormément de souvenirs. Aujourd’hui mon équipe de travail pour mes projets perso est à moitié mexicaine, parce qu’on a appris à bosser ensemble là-bas et on a vite compris que la distance n’était pas un problème : Danny Blackbones mon ingé son, beatmaker sûr (« Blaisy-Bas » 1 et 2 c’est lui), Arii Pradh monteur vidéo de grand talent. Je continue aussi à faire des feats, c’est les seuls que j’accepte de faire à distance.
L’été dernier j’y suis retourné après trois ans, je suis fier de voir que les amitiés n’ont pas bougé, on a refait quelques sons dont le « Trace ta route » version Mexique : « Haz tu ruta », présent dans les bonus tracks de Salut ça rap (vol.1).
Pour terminer, je trouve que le rap là-bas est très riche, mais encore trop tabou pour certaines personnes qui l’associent à la délinquance/violence. Tous les jeunes de tous milieux en écoutent par contre.

Salut ça rap (vol.1) est signé Guig’z mais tu as plusieurs crews : Cartel Club, Evergreen, FSR… Peux-tu nous les présenter et nous expliquer aussi bien leur rôle que ton rôle à toi en leur sein ?

Cartel Club c’est un groupe formé avec mes copains de Dijon à mon retour du Mexique en 2018, ça faisait un moment qu’on avait plus fait de son ensemble et avec Eso on s’est dit que ça serait cool, on a proposé à Bazik et Mathos de nous rejoindre, par la suite à Greez et Jaugey. Dedans j’étais principalement MC et je faisais aussi la communication/recherche d’évènements.
Freestyle Roulette, c’est Djokoss qui a créé ça pendant le premier confinement avec ses potes de Haute-Marne (52), à la base c’était open mic en live Instagram, puis ils ont organisé des concours, j’ai pu gagner le premier ou deuxième grâce à ma communauté France + Mexique. Par la suite Djokoss m’a proposé de rejoindre FSR, j’ai accepté mais pas pour devenir animateur, plutôt pour faire la communication et donner la dimension « média » à la page. Aujourd’hui ça fait plus de deux ans que je suis dedans, je m’éclate à fouiller partout et proposer à mon goût les meilleurs contenus.
Evergreencrew c’est un label tenu par Sway, il possède un studio à Sarrebourg et c’est un excellent ingé son en plus d’être un très bon MC. Fin 2020 il m’a proposé de rejoindre le label, j’ai eu un bon feeling et presque deux ans plus tard je n’en suis pas déçu. Grâce à l’aide de Sway je peux pleinement développer mes projets persos, il se déplace aux concerts, on a organisé un festival, à deux on arrive à faire beaucoup c’est assez cool.

Nous, on t’a découvert avec l’incroyable morceau clipé « Trace ta route » qui regroupe une dizaine de rappeurs et qui date, nous semble-t-il, de quelque chose comme début 2021. Le son propose une connexion immense ! Activité aussi bien physique qu’intellectuelle qui, surtout, se joue en équipe (ce n’est pas ton seul feat. d’ailleurs), c’est ça ta conception du rap ?

Yes exactement, pour moi c’est du partage, c’est quasiment tous des MC’s que je connais personnellement (hormis Masto Xico de Belgique) et dont j’apprécie la plume. Le morceau est long, ce n’est pas vraiment les codes actuels mais quand on aime on ne compte pas lol.
Un gros big up à Jaugey et Deejuli’one pour ce track, on a mis plus d’un an à le finir.

Et ton propre peura, à tous niveaux (des textes aux mélodies, des prods aux messages transmis…), comment le définirais-tu ?

J’en ai un peu parlé plus haut, mon rap il est conscient, personnel, pas mal egotrip, orienté écriture technique, je n’y joue pas un personnage, je le veux positif ou du moins réaliste, avec des messages d’espoir, fédérateur, des pointes d’humour/sarcasme. Il est en français ou espagnol, des fois les deux.
Pour les prods c’est principalement 90 BPM mais je me force à me diversifier, les producteurs c’est toujours des potes (France ou Mexique).

Si on check un peu ta discographie via YouTube ou encore Spotify, on se rend compte de ton côté électron libre puisque tu apparais sur bon nombre de projets et compiles. Est-ce que mettre de l’ordre et te focus sur un projet solo type EP ou album t’es complexe ? Niveau écriture et concrétisation de son, comment fonctionnes-tu ? Est-ce que le facteur temps te fait flipper et t’es du genre à ta focaliser morceau par morceau, le sortir comme il faut, et passer à la suite, ou pas du tout ?

J’ai beaucoup fait ma musique au jour le jour, avec les collègues ayant l’envie de s’investir à mes côtés, certains sont encore là, d’autres non, il est difficile de se constituer une équipe pour un gars qui ne sait pas : enregistrer, mixer, faire des prods, faire des artworks, faire des clips. C’est ce côté qui ne m’a pas vraiment permis de me focus sur un album ou un projet perso bien abouti. Aujourd’hui j’ai cette équipe et j’y songe de plus en plus, pour l’instant je vais continuer mes compiles Salut ça rap, continuer les concerts et viendra le moment où j’aurais envie de passer un cap et de faire un vrai album avec un univers de A à Z.
Pour ce qui est des apparitions sur les autres projets c’est au feeling, on est tous là pour construire, c’est cool quand quelqu’un pense à moi dans son process de créativité, je dis rarement non à une collab.

La pochette recto/verso, le sens du titre, la précision « vol.1 », les morceaux, les featurings, les prods, instrus et scratches, son existence physique, les stickers street promo et t-shirts… En long, en large et en travers, peux-tu nous présenter ton Salut ça rap (vol.1) ?

Dans Salut ça rap j’ai voulu compiler tous les meilleurs morceaux qui représentent ma musique à un instant-T. Il n’y a pas de fil conducteur, d’histoire/imaginaire communs, j’ai juste fait en sorte que les tracks soient récents et bons bien sûr. Le titre c’est quelque chose de simple, je ne suis pas quelqu’un de compliqué, c’est une question où on répond positivement ou négativement comme un « salut ça va ». J’aime le fait que le titre soit interactif et accessible à tous, même quelqu’un qui n’écoute pas ce type de musique habituellement peut répondre (ou avoir envie de répondre).
Pour la pochette j’ai imaginé un hacker derrière son ordi qui enverrait des « salut ça rap » à un max de gens, limite façon spam. Je voulais une belle illustration, j’ai fait appel à un collègue du Mexique, MC/illustrateur : Wolfkillah (c’est aussi lui qui a fait les visus pour le festival Sarreboom où on a invité Deadi en août).
Volume 1, je pense que c’est assez clair, là je bosse à fond le 2, et je pense faire des éditions spéciales, genre un spécial Mexique, ou toute autre bonne idée qui me viendrait.
Pour ce qui est du CD physique, des stickers ou même vinyles, c’est juste que c’est tout ce que j’aime quand je vois un projet sortir, je préfère ça à me faire un site Internet ou axer la promo sur le streaming, je collectionne moi-même beaucoup de CD’s. J’ai fait des petits stocks de chaque, l’idée n’est pas de se faire un billet avec une méga distrib, plutôt de permettre à ceux qui le souhaitent de posséder une pièce/souvenir de ce projet.
Dessus on retrouve tous mes proches avec qui je fais du son actuellement, du moins un bon 80%.



Sur sa version physique, la compile propose dix morceaux accompagnés de trois sons bonus. Peux-tu nous parler de la logique interne injecté à ton skeud ? Aussi, il s’ouvre par le désormais célèbre et fameux « Révise tes classiques », un incontournable de ta discographie. Pourquoi ? Que représente-t-il pour toi ?

Dans un premier temps j’ai rassemblé tous les morceaux que je voulais sur le disque, ensuite j’ai fait plusieurs écoutes, l’ordre s’est fait logiquement en fonction des moods/ambiances des titres.
J’ai aussi pris en compte l’aspect production pour garder de la cohérence dans l’écoute globale, ça commence par le « Révise tes classiques », un titre chill produit (prod/mix master) par le poto mexicain Danny Blackbones (il a retrouvé le sample original de « Megotrip », c’est Miles Davies). Derrière c’est « Blaisy-Bas » et « Promesse » également produis (prod/mix master) par Blackbones. Ainsi de suite, pour résumer c’est les ambiances et la cohérence de la production sur une écoute globale, Blackbones et Sway sont les deux ingés qui ont mix/master presque tous les titres. Les titres en bonus track sont les morceaux qui n’ont pas été mix/master par Blackbones ou Sway.

Tout récemment, à propos du morceau « Bonne raison », tu hésitais sur la justesse et la pertinence du refrain que tu y places. Là, dans Salut ça rap (vol.1), dès le deuxième track (« Blaisy-Bas »), le refrain est affirmé, énergique, entraînant, drôle même ! Quelle importance accordes-tu au principe de refrain ? Les bosses-tu davantage que tes couplets et quels rapports entretiennent-ils avec ceux-ci ? Et, question bonus… C’est quoi ce bled et ce délire avec Blaisy-Bas, bordel ?!

Quand je pense un morceau, je pense au texte mais aussi à sa musicalité, pour moi un refrain doit rassembler les deux. Il est évidemment important dans la création du track mais ne doit pas non plus être une prise de tête.
Si une mélodie m’est venue en tête, je tente souvent de chanter sur les refrains, je le fais aussi beaucoup dans mes backs, je dis « je tente » car ça n’est pas mon fort mais je n’ai pas peur d’essayer quitte à me louper, je me dis qu’un jour j’y arriverais, sur « Bonne raison » c’est un peu ça.
J’aime aussi beaucoup les refrains scratchés, le bro Deejuli’one en sait quelque chose, des fois on met même les deux comme dans « El tiempo vale oro », c’est du feeling.
Je ne dirais pas que je bosse l’un plus que l’autre, je leur dédie chacun (couplets et refrains) le temps qui leur est nécessaire pour que je sois satisfait, après forcément un couplet est plus long donc j’y passe plus de temps.
Sur « Blaisy-Bas 1 » (et oui car le 2 est sorti entre temps) les scratchs c’est DJ Cerk, de Mulhouse. Blaisy-Bas c’est un bled de Bourgogne où un pote du collège/lycée a une maison et tous les ans il rassemble toute la bande de potes (là c’était la douzième ou treizième édition, il a commencé en 4ème je crois lol), c’est tellement cool qu’on en a fait un festival sur un week-end, il est privé. On arrive le vendredi soir pour certains, histoire de filer un coup de main (ou cliper dans mon cas), on fabrique notre scène avec des palettes, chaque année les potes créent un imaginaire, cette année c’était l’Asie, on fait des t-shirts, des gobelets, affiches, des menus, et perso j’ai la charge d’en faire un son inédit. C’est assez ouf de voir tout ce qu’on est capable de faire à notre échelle. Le line up c’est que les copains aussi, avant le début on fait le tour du village pour bien re-prévenir tout le monde, maintenant ça va ça passe, on fait plus n’importe quoi passé une certaine heure, ou alors mesurément. Il y a quelques années c’était Bagdad, quand je dis « appelle le maire du village » c’est réel, il est déjà venu nous engueuler plusieurs fois.
Je vais m’arrêter là, Blaisy c’est un vaste sujet et surtout beaucoup de souvenirs.





Nombreux sont les morceaux dans lesquels tu poses en espagnol en plus du français : « El tiempo vale oro », « 19 de septiembre » ou encore « El juego » pour ne citer qu’eux parmi d’autres, parce que même les titres sont éloquents de ce fait. Pourquoi cette double élocution, maîtrise et usage linguistique ? Que t’apportes de plus le fait de rapper en espagnol ? Et, au niveau de l’écriture, quels avantages et quelles contraintes y rencontres-tu ?

Je n’ai pas encore trente ans et j’ai vécu presque dix ans au Mexique, je parle espagnol depuis petit comme une langue maternelle, c’est dans mon identité. Mon rap me représente et longtemps je n’ai écrit qu’en français, il me manquait quelque chose, j’ai donc travaillé cet aspect et aujourd’hui je suis assez fier d’être capable de chanter dans les deux langues, mes potes qu’ils soient d’ici ou de là-bas peuvent me comprendre.
Bien sûr je suis plus à l’aise dans l’écriture en français qu’en espagnol, pour deux raisons : la première c’est mon accent français, je suis assez difficile par rapport à ça, ça m’a bloqué au début, aujourd’hui je l’accepte ; la deuxième c’est parce qu’actuellement je vis en France, si demain je suis au Mexique ça évoluera forcément, je renouvèlerai mon vocabulaire, j’utiliserais de nouveaux modismes.

Beaucoup de morceaux de la compile sont clipés. Pourquoi ? Que te permet la mise en images d’un son ? Comment fonctionnes-tu pour ce faire et sur quels éléments mets-tu l’accent ?

Question de goûts persos, j’aime les morceaux accompagnés d’un clip, je trouve que ça illustre/complète le propos de l’artiste, ça me permet des fois de mieux comprendre l’univers d’un titre. Je suis assez critique, je trouve qu’il vaut mieux ne pas avoir de clip que quelque chose de bidon qui ne met pas en valeur, pendant longtemps c’est cette barrière qui a fait que je n’en faisais pas pour mes morceaux. L’époque Rola 16 m’a fait comprendre que ce critère qualité je peux l’avoir tant que j’ai un bon monteur et tant qu’il y a des images exploitables. Depuis, je fais moi-même toutes les images de mes clips, je dois encore bien progresser, surtout sur la partie scénario, mais j’arrive déjà à faire du « simple/efficace/bonne ambiance » avec mon téléphone.

Sur scène, en concert, en studio, à la radio peut-être ou à la zob en freestyle, est-ce que tu défends ton projet ? D’ailleurs, est-ce important de le faire et est-ce que c’est un kiffe pour toi, notamment la scène ? Quels principaux retours, bons comme mauvais, as-tu eu à propos de Salut ça rap (vol.1) ?

Carrément, sur scène autant que possible, on a eu l’occase récemment de faire le Noumatrouff (complet, pas grâce à nous lol), on a organisé une date à Dijon, une à Mulhouse, la fête de la musique, Strasbourg avec Hip-hop from Elsass et le fest Ind’Hip’Hop, on a encore deux dates pour la fin de l’année, dix dates en un an ça fait plaise.
Studio aussi puisqu’on continu sur le volume 2 et que sur presque toutes les collabs où on m’invite dernièrement je cale un « salut ça rap » quelque part dans le texte. Radio je démarche beaucoup, on a eu des morceaux diffusés à Tours, Bordeaux, Toulouse, Paris, Amiens, Beauvais, Cherbourg, Saint-Brieuc, Caen, Roanne, etc. (j’ai une longue liste). Ça arrive aussi d’y aller physiquement : Radio Campus Dijon avec Deejuli’one, Radio MNE avec Dave et Tarek. Belfort je n’ai pas eu l’occasion, envoyez-moi un contact lol.
Il y a la presse locale, toutes les pages Insta de live et médias Facebook.
La partie promo c’est un peu pénible pour les artistes en général, moi ça va j’apprécie, je suis bien dans ce que je fais, j’y mets de l’humour, faut rendre ça agréable. La scène c’est le graal, j’adore ça, mais pareil, je dois bien bosser cette partie que j’ai laissée de côté pendant bien un an et demi.

Comme nous, t’es du genre à te balader avec tes stickers street promo plein les poches à coller partout. En plus de cela, tu freestyles, tu grimpes sur scène, la vraie vie quoi… T’en penses quoi d’Internet et des réseaux sociaux vis-à-vis du rap ?

C’est un équilibre à trouver et ça dépend de ce qu’on cherche, pour moi les deux sont importants. Les côtés « la vraie vie » : street promo, open mic, cyphers, rencontrer les autres, discuter, etc. Mon avis sur Internet et les réseaux dans le rap : déjà je ne vais pas cracher dessus, en arrivant au Mexique je ne connaissais rien à ce milieu (au Mexique) et c’est ça qui dans un premier temps m’a permis de le découvrir et d’en faire partie. Ça permet de trouver bien plus facilement les informations de concerts, rassemblements, faut juste savoir chercher et je dirais même, faire l’effort de chercher.
Un gros reproche qu’on a tous envers ces réseaux c’est leur côté peu humain, à nous de leur apporter ce côté, Freestyle Roulette c’est ça, un grand open mic à distance, les gens se parlent, se font des retours, pas juste des « lourd », « carré », « force à nous », c’est grillé sinon. Les jugements ne sont pas les mêmes : dans « la vraie vie » on te juge pour ton look/physique, il y a ce type de « filtres », sur les réseaux il y a beaucoup moins de filtres, dans le sens positif « acceptation plus facile », « accès aux autres », dans le sens négatif « zéro remise en question », « désinformation » voire lynchage.
C’est un bon outil, il faut savoir comment l’utiliser si t’en a l’envie, les algorithmes sont complexes, faut savoir prendre du recul et se remettre en question (accroche, approche des autres), se différencier, ne pas se fermer trop vite, suivre ses intuitions.
Pour élargir le tout avant de filer et mieux te connaître, faisons un petit tour dans ta sonothèque : s’il ne devait rester que trois rappeurs français/francophones, ce serait lesquels et pourquoi ? Idem pour trois albums..? Et pour trois morceaux..?

Sans hésiter : Seyté, Sear Lui-Même, dernièrement Primero (dans l’ordre de préf, Seyté en numéro uno indiscutable). Seyté pour l’émotion, Sear Lui-Même pour la technique, Primero pour l’ambiance.

Guig’z, de la part de nos lecteurs et de nous deux : tous nos remerciements pour cet échange qui a sans doute pris pas mal de temps mais qui permet de mettre en perspective ta propre pratique du rap. Bonne continuation et au plaisir que nos trajectoires se croisent ! Le mot de la fin est pour toi…

Merci à vous et à tous ceux qui me supportent (ou doivent me supporter) : ma femme, ma famille, mes amis, les connaissances dans le milieu.

Contacts : Bandcamp / Youtube / Spotify / Soundcloud / Deezer / Apple Music / Instagram / Facebook

Guig’z & 901 crew, le saviez-vous ?
Y a pas grand-chose à dire pour le moment si ce n’est que les deux frangins écoutent et apprécient les créations et l’activisme de Guig’z ! Mais, qui sait ?, peut-être que d’un simple échange initial de stickers street promo de nos projets respectifs naîtront d’autres choses !