Interview #03 : rencontre avec Rowtag pour « Fil d'Ariane » (EP)
Des rappeurs sur le fil d’Ariane
Entretien réalisé en novembre 2022.
Entre l’orga d’un live il y a peu (qui était bouillant, au passage !), une interview XXL avec l’ensemble du Maquis quelques mois plus tard parue dans un fanzine, des contacts constants et on ne peut plus amicaux avec Rowtag, v’là qu’on balance une énième sollicitation à ces gavas sûr, à la plume solide et engagée, pour évoquer leur dernier projet en date, Fil d’Ariane, un EP de cinq titres.
On a d’ailleurs eu la chance et l’opportunité de l’écouter au printemps dernier en traînant sur un parking, dans une gova, en profitant d’une courte remontée à Blf de Rowtag. On l’a savouré et on le kiffe encore en se le repassant en cet été 2022. Bref, Eso est très fort – il le sait, on lui a déjà dit ! –, Rowtag aussi et, en plus, on y est très attaché et il supporte notre son merdique !
Alors quand tous deux sortent un nouveau projet, c’est logique qu’on se penche dessus et qu’on en parle, non ?! On s’installe tranquillement en compagnie de ce bon Rowtag !
Eso x Rowtag – Fil d’Ariane
12 mai 2022
EP de cinq titres
YouTube / Spotify / Deezer / Apple Music
Comme on se retrouve ! N’est-ce pas ? Quand les copains du Maquis sortent un nouveau truc, on n’est jamais bien loin pour l’écouter avec attention en vue d’en parler ensuite plus en détails avec les principaux concernés. Rassurez-vous, c’est une interview bien plus allégée que la dernière en date. On commence en te laissant te présenter…
Rowtag, rappeur lyonnais de vingt-sept piges.
Quelques mots sur ton parcours dans le rap ? Comment vous êtes-vous rencontrés avec Eso ? Du premier contact à ce projet réalisé ensemble, que trouve-t-on ?
J’ai commencé à écrire et rapper maladroitement dès l’âge de treize ans, je sortais des sons à la zob durant la période lycée et c’est en arrivant à Lyon où vraiment le rap a pris une place très importante, les rencontres se sont faites, premier open mic, etc., tu connais. Avec Eso on s’est rencontré par l’intermédiaire de Beatnik, qui est le beatmaker et un des rappeurs du Maquis.
Peux-tu nous parler de votre groupe, Le Maquis ? Œuvrez-vous tout le temps ensemble ? Avez-vous d’autres crew ?
Le Maquis ça fait cinq ans facile qu’on a débuté, on prépare une mixtape. Sur Lyon, je suis en solo et j’gravite autour de différents groupes, rappeurs.
Qu’est-ce qu’il y a à la base de votre récent projet commun Fil d’Ariane avec Eso ? Combien de temps a duré sa réalisation entière, de l’idée de base à sa mise en ligne sur les plateformes ? Quelles en ont été les principales étapes ?
On s’était capté en juin 2021, on avait évoqué l’idée de faire des trucs mais rien de précis, puis je suis revenu sur Lyon, j’ai passé un coup d’bigo à Eso, le temps d’une soirée et on s’est déter à faire un truc, je voulais faire un projet, je voulais enfin sortir quelque chose, fallait que je marque ma période dans laquelle j’étais et Eso était le partenaire idéal pour ça. Du coup on s’est motivé, on a commencé à écrire fin août, on a enregistré en décembre et le temps du mix, du master par le jeune Maltek, le projet à pop en mai 2022.
Pourquoi ce titre, « Fil d’Ariane » ? Ou plutôt, et plus précisément, quel(s) sens prêtez-vous à ce titre et empruntez-vous à ce mythe/cette expression ? Peux-tu nous dire quelques mots sur la cover recto/verso réalisée ?
Au-delà de la mythologie, le fil d’Ariane c’est surtout un moyen de naviguer au milieu des difficultés. Et ce projet c’est ce qu’il exprime, c’est ce qu’il fige, dans chaque morceau on raconte un moment. La cover c’est une œuvre de mon amie Yanginsac qu’on a remixée ensemble. Son tableau exprimait la mentale dans laquelle j’étais à ce moment, à surplomber la faille, Eso a complétement adhéré à la mentale. Tout s’est fait très vite, on était tous les trois dans la même direction, du coup Yanginsac a apporté une silhouette supplémentaire, les lasers. J’aime beaucoup cette cover, elle dit beaucoup et résonne parfaitement avec ce qu’on raconte.
Fil d’Ariane s’articule en cinq titres : l’ensemble est on ne peut plus cohérent et ce à tous niveaux – instrus, textes, messages transmis. Dans « J’lâcherai rien », le premier morceau, l’auditeur se prend du gros boom bap dans les oreilles, à base de piano et de basses, et même de scratches. Le refrain – entre autres, « c’est nos blessures, pas du peura dansant » – affirme d’emblée votre vision du rap ?
Il est symbolique aussi pour nous, il date de fou ce refrain, il a quelques années, on cherchait à faire un feat pour un set du Maquis et puis finalement on avait jamais réussi à le pousser au bout et là on l’a repris naturellement et ça a lancé le projet direct.
Dans « Laisse », le track qui suit, l’instru est plus moderne et actuelle. On dirait pas forcément dans l’ère du temps mais davantage dans vos deux univers sombres, propre à eux, presque mystiques. Après un premier son triste mais à la fois plein d’espoir, est-ce là une volonté, paroles à l’appui, de dire en quelque sorte votre « sauvagerie », votre côté noir à charbonner solo dans votre coin ?
Et aussi comment bosser solo, c’est aussi savoir bien s’entourer, on est jamais vraiment seul, en tout cas c’est pas ce que je cultive, je préfère être dans un bouillonnement d’idées mais faut que ce soit les bonnes personnes qui les émettent. La mentale c’est : si t'as la mienne tu suis, sinon c'est ciao bonne vie !
Au tour de « Memento mori », le troisième morceau, de venir compléter le précédent tout en en prenant le contre-pied. C’est presque paradoxal de dire ça, et pourtant… Le thème semble le même – l’attrait pour la solitude, sa nécessité aussi – mais perçu sous une autre facette : se complaire dans cette solitude mais y devenir ouf, enfermé en soi-même, bouffé par elle… C’est ça l’idée ?
C’est pas la bonne solitude, celle qui te fait galérer, qui t’éteint au fur à mesure. L’idée c’est de trouver la lumière dans ta solitude pour qu’elle devienne fleurissante. C’est l’idée dans chaque morceau, à chaque fin de seize j’me suis attaché à valoriser le renouveau et l’espoir. C’est l’fil d’Ariane.
L’avant-dernier morceau s’appelle « La lune saigne ». Dedans s’y trouve une phase qui, à nos yeux, pourrait illustrer l’EP entier : « moi j’ai trouvé une plume sans l’arracher aux anges, du mal à parler aux gens mais sors une feuille, un Bic, une instru, j’passe aux aveux, j’attends pas qu’un miracle s’amène, j’ai toujours la dalle, sa mère ! ». J’parle pas, j’suis réservé, mais s’il faut kicker, j’suis àl… C’est clairement ça la ligne de conduite ?
Ouais j’suis d’accord ,« j’ai trouvé une plume sans l’arracher aux anges » c’est pour moi la plus belle phrase du projet, elle est magnifique et elle est pas de moi du coup j’ai la mort (rires) ! Après dans mon process de création, ce projet il signifie un tournant, j’ai plus besoin du rap pour passer aux aveux. Désormais j’ai plein d’outils qui me permettent de le faire et justement quand j’écris maintenant c’est parce que j’en ai envie, c’est un plus, un besoin salvateur. Ça fait une diff folle et ça donne cher la dalle ouais !
Le dernier track, « Le goût de ses lèvres », propose des alternances de gros kickages et de chansonnette poussée, procédé que l’on retrouve çà et là dans l’EP. Ce sont là des innovations convaincantes, selon toi ? Peut-être vous adaptez-vous aussi à des instrus différentes, donc à des phrasés, des élocutions et des scansions plus adaptés ? Un mot, également, sur cette alternance/compilation de couplets plutôt que des textes où les mesures de l’un de l’autre s’entrecoupent ?
Sans Eso j’fais pas ça. C’est pour ça que j’aime cher bosser avec lui. Il est suffisamment fort pour être à l’aise sur différentes instrus. Et c’est un gars qui tente, ses deux premiers projets le montrent bien. Donc quand j’reçois le vocal WhatsApp avec les refrains chantés de « Memento mori » et « Le goût de ses lèvres », laisse tomber, je colle et j’imagine direct ce que ça peut donner en studio et Maltek a apporté une touche de culot et de modernité dans le mix et le master, ça a fait une diff folle.
On s'est posé la question, est-ce qu'on doit changer la forme d'un morceau pour qu'il n'y ait pas qu'une succession de couplets ?, et finalement on a laissé faire les choses, on a pas trop calculé les constructions. On s'arrête quand on a plus rien à dire généralement !
D’où viennent vos instrus et comment vos choix se sont opérés pour chacune d’elles ? Où et comment avez-vous enregistré le projet ? Qui s’est chargé de bosser sur chaque piste ?
C'est des instrus qu'on a trouvé sur YouTube et une fois au studio CHKT, notre pote beatmaker Jaugey nous a tapé une prod pour le titre « Laisse ». Il l'a rendu plus moderne et plus bounce. C'est la seule prod du projet qu'est pas de YouTube.
Pourquoi avoir fait le choix de ne pas donner physiquement vie à Fil d’Ariane ? Est-il bien diffusé, tourne-t-il bien ? Allez-vous le défendre sur scène ?
Franchement ça fait dix ans que j’avais rien sorti, je m’attendais à rien, je savais pas comment ça allait tourner ou quoi, sachant qu’on a fait aucune promo, aucun clip, juste on a posé ça là. Donc agréablement surpris, de très bons retours, des morceaux qui ressortent plus que d’autres et vraiment un régal de voir vivre le projet, il fait son petit chemin sachant, comme j’ai dit, qu’on a pas bossé du tout sur la diffusion. Pour la scène on verra.
À l’heure d’aujourd’hui, rapologiquement parlant, quelle est la suite pour toi ?
On bosse sur la mixtape du Maquis, je travaille sur des sons solo, des feats, peut-être un projet fin d’année prochaine, on verra ce que ça dit, mais faut être stratégique désormais !
Quel regard portes-tu sur le rap français actuel ? La scène plus commerciale ? Et la scène purement amateure et indé ?
Elle est bouillonnante, trop de talent, trop d’innovation, trop de maîtrise, vraiment on est très fort dans cet art ! On revient du Demi Fest, on a mangé notre claque, de Deadi à Alkpote, c’est fort !
S’il ne devait rester que trois artistes/groupes français… Lesquels et pourquoi ? Idem pour trois albums..? Et idem pour trois morceaux..?
Si je dois te faire trois reco, je dirais le dernier de Furax : Caravelles ; l’album de Okis, OK ; et celui de Souffrance, Tour de magie.
Merci infiniment de nous avoir accordé un peu de ton temps pour répondre à cette nouvelle interview ! On se donne rendez-vous au prochain projet, tu es prévenus désormais ! Big up à toi, à vous, au Maquis, et le mot de la fin t’appartient…
Longue vie au 901 ! Merci les gars, force à vous et on s’revoit bientôt ! Big up !
Contacts
Rowtag : Instagram / YouTube
Eso : Instagram
Le Maquis : Instagram / Facebook / YouTube
Rowtag & 901 crew, le saviez-vous ?
Ami, toujours attentif et porteur de très bons conseils, Rowtag suit notre taf avec minutie depuis nos débuts. À l’automne 2021 est d’ailleurs enregistré en studio à Besac le morceau « En phase », produit par Greez, qui paraît en mai 2022 et qui propose une première collaboration concrète (avant les prochaines, bien sûr, et pourquoi pas avec Eso en plus !).
On a d’ailleurs eu la chance et l’opportunité de l’écouter au printemps dernier en traînant sur un parking, dans une gova, en profitant d’une courte remontée à Blf de Rowtag. On l’a savouré et on le kiffe encore en se le repassant en cet été 2022. Bref, Eso est très fort – il le sait, on lui a déjà dit ! –, Rowtag aussi et, en plus, on y est très attaché et il supporte notre son merdique !
Alors quand tous deux sortent un nouveau projet, c’est logique qu’on se penche dessus et qu’on en parle, non ?! On s’installe tranquillement en compagnie de ce bon Rowtag !
Eso x Rowtag – Fil d’Ariane
12 mai 2022
EP de cinq titres
YouTube / Spotify / Deezer / Apple Music
Comme on se retrouve ! N’est-ce pas ? Quand les copains du Maquis sortent un nouveau truc, on n’est jamais bien loin pour l’écouter avec attention en vue d’en parler ensuite plus en détails avec les principaux concernés. Rassurez-vous, c’est une interview bien plus allégée que la dernière en date. On commence en te laissant te présenter…
Rowtag, rappeur lyonnais de vingt-sept piges.
Quelques mots sur ton parcours dans le rap ? Comment vous êtes-vous rencontrés avec Eso ? Du premier contact à ce projet réalisé ensemble, que trouve-t-on ?
J’ai commencé à écrire et rapper maladroitement dès l’âge de treize ans, je sortais des sons à la zob durant la période lycée et c’est en arrivant à Lyon où vraiment le rap a pris une place très importante, les rencontres se sont faites, premier open mic, etc., tu connais. Avec Eso on s’est rencontré par l’intermédiaire de Beatnik, qui est le beatmaker et un des rappeurs du Maquis.
Peux-tu nous parler de votre groupe, Le Maquis ? Œuvrez-vous tout le temps ensemble ? Avez-vous d’autres crew ?
Le Maquis ça fait cinq ans facile qu’on a débuté, on prépare une mixtape. Sur Lyon, je suis en solo et j’gravite autour de différents groupes, rappeurs.
Qu’est-ce qu’il y a à la base de votre récent projet commun Fil d’Ariane avec Eso ? Combien de temps a duré sa réalisation entière, de l’idée de base à sa mise en ligne sur les plateformes ? Quelles en ont été les principales étapes ?
On s’était capté en juin 2021, on avait évoqué l’idée de faire des trucs mais rien de précis, puis je suis revenu sur Lyon, j’ai passé un coup d’bigo à Eso, le temps d’une soirée et on s’est déter à faire un truc, je voulais faire un projet, je voulais enfin sortir quelque chose, fallait que je marque ma période dans laquelle j’étais et Eso était le partenaire idéal pour ça. Du coup on s’est motivé, on a commencé à écrire fin août, on a enregistré en décembre et le temps du mix, du master par le jeune Maltek, le projet à pop en mai 2022.
Pourquoi ce titre, « Fil d’Ariane » ? Ou plutôt, et plus précisément, quel(s) sens prêtez-vous à ce titre et empruntez-vous à ce mythe/cette expression ? Peux-tu nous dire quelques mots sur la cover recto/verso réalisée ?
Au-delà de la mythologie, le fil d’Ariane c’est surtout un moyen de naviguer au milieu des difficultés. Et ce projet c’est ce qu’il exprime, c’est ce qu’il fige, dans chaque morceau on raconte un moment. La cover c’est une œuvre de mon amie Yanginsac qu’on a remixée ensemble. Son tableau exprimait la mentale dans laquelle j’étais à ce moment, à surplomber la faille, Eso a complétement adhéré à la mentale. Tout s’est fait très vite, on était tous les trois dans la même direction, du coup Yanginsac a apporté une silhouette supplémentaire, les lasers. J’aime beaucoup cette cover, elle dit beaucoup et résonne parfaitement avec ce qu’on raconte.

Fil d’Ariane s’articule en cinq titres : l’ensemble est on ne peut plus cohérent et ce à tous niveaux – instrus, textes, messages transmis. Dans « J’lâcherai rien », le premier morceau, l’auditeur se prend du gros boom bap dans les oreilles, à base de piano et de basses, et même de scratches. Le refrain – entre autres, « c’est nos blessures, pas du peura dansant » – affirme d’emblée votre vision du rap ?
Il est symbolique aussi pour nous, il date de fou ce refrain, il a quelques années, on cherchait à faire un feat pour un set du Maquis et puis finalement on avait jamais réussi à le pousser au bout et là on l’a repris naturellement et ça a lancé le projet direct.
Dans « Laisse », le track qui suit, l’instru est plus moderne et actuelle. On dirait pas forcément dans l’ère du temps mais davantage dans vos deux univers sombres, propre à eux, presque mystiques. Après un premier son triste mais à la fois plein d’espoir, est-ce là une volonté, paroles à l’appui, de dire en quelque sorte votre « sauvagerie », votre côté noir à charbonner solo dans votre coin ?
Et aussi comment bosser solo, c’est aussi savoir bien s’entourer, on est jamais vraiment seul, en tout cas c’est pas ce que je cultive, je préfère être dans un bouillonnement d’idées mais faut que ce soit les bonnes personnes qui les émettent. La mentale c’est : si t'as la mienne tu suis, sinon c'est ciao bonne vie !
Au tour de « Memento mori », le troisième morceau, de venir compléter le précédent tout en en prenant le contre-pied. C’est presque paradoxal de dire ça, et pourtant… Le thème semble le même – l’attrait pour la solitude, sa nécessité aussi – mais perçu sous une autre facette : se complaire dans cette solitude mais y devenir ouf, enfermé en soi-même, bouffé par elle… C’est ça l’idée ?
C’est pas la bonne solitude, celle qui te fait galérer, qui t’éteint au fur à mesure. L’idée c’est de trouver la lumière dans ta solitude pour qu’elle devienne fleurissante. C’est l’idée dans chaque morceau, à chaque fin de seize j’me suis attaché à valoriser le renouveau et l’espoir. C’est l’fil d’Ariane.
L’avant-dernier morceau s’appelle « La lune saigne ». Dedans s’y trouve une phase qui, à nos yeux, pourrait illustrer l’EP entier : « moi j’ai trouvé une plume sans l’arracher aux anges, du mal à parler aux gens mais sors une feuille, un Bic, une instru, j’passe aux aveux, j’attends pas qu’un miracle s’amène, j’ai toujours la dalle, sa mère ! ». J’parle pas, j’suis réservé, mais s’il faut kicker, j’suis àl… C’est clairement ça la ligne de conduite ?
Ouais j’suis d’accord ,« j’ai trouvé une plume sans l’arracher aux anges » c’est pour moi la plus belle phrase du projet, elle est magnifique et elle est pas de moi du coup j’ai la mort (rires) ! Après dans mon process de création, ce projet il signifie un tournant, j’ai plus besoin du rap pour passer aux aveux. Désormais j’ai plein d’outils qui me permettent de le faire et justement quand j’écris maintenant c’est parce que j’en ai envie, c’est un plus, un besoin salvateur. Ça fait une diff folle et ça donne cher la dalle ouais !
Le dernier track, « Le goût de ses lèvres », propose des alternances de gros kickages et de chansonnette poussée, procédé que l’on retrouve çà et là dans l’EP. Ce sont là des innovations convaincantes, selon toi ? Peut-être vous adaptez-vous aussi à des instrus différentes, donc à des phrasés, des élocutions et des scansions plus adaptés ? Un mot, également, sur cette alternance/compilation de couplets plutôt que des textes où les mesures de l’un de l’autre s’entrecoupent ?
Sans Eso j’fais pas ça. C’est pour ça que j’aime cher bosser avec lui. Il est suffisamment fort pour être à l’aise sur différentes instrus. Et c’est un gars qui tente, ses deux premiers projets le montrent bien. Donc quand j’reçois le vocal WhatsApp avec les refrains chantés de « Memento mori » et « Le goût de ses lèvres », laisse tomber, je colle et j’imagine direct ce que ça peut donner en studio et Maltek a apporté une touche de culot et de modernité dans le mix et le master, ça a fait une diff folle.
On s'est posé la question, est-ce qu'on doit changer la forme d'un morceau pour qu'il n'y ait pas qu'une succession de couplets ?, et finalement on a laissé faire les choses, on a pas trop calculé les constructions. On s'arrête quand on a plus rien à dire généralement !
D’où viennent vos instrus et comment vos choix se sont opérés pour chacune d’elles ? Où et comment avez-vous enregistré le projet ? Qui s’est chargé de bosser sur chaque piste ?
C'est des instrus qu'on a trouvé sur YouTube et une fois au studio CHKT, notre pote beatmaker Jaugey nous a tapé une prod pour le titre « Laisse ». Il l'a rendu plus moderne et plus bounce. C'est la seule prod du projet qu'est pas de YouTube.
Pourquoi avoir fait le choix de ne pas donner physiquement vie à Fil d’Ariane ? Est-il bien diffusé, tourne-t-il bien ? Allez-vous le défendre sur scène ?
Franchement ça fait dix ans que j’avais rien sorti, je m’attendais à rien, je savais pas comment ça allait tourner ou quoi, sachant qu’on a fait aucune promo, aucun clip, juste on a posé ça là. Donc agréablement surpris, de très bons retours, des morceaux qui ressortent plus que d’autres et vraiment un régal de voir vivre le projet, il fait son petit chemin sachant, comme j’ai dit, qu’on a pas bossé du tout sur la diffusion. Pour la scène on verra.
À l’heure d’aujourd’hui, rapologiquement parlant, quelle est la suite pour toi ?
On bosse sur la mixtape du Maquis, je travaille sur des sons solo, des feats, peut-être un projet fin d’année prochaine, on verra ce que ça dit, mais faut être stratégique désormais !
Quel regard portes-tu sur le rap français actuel ? La scène plus commerciale ? Et la scène purement amateure et indé ?
Elle est bouillonnante, trop de talent, trop d’innovation, trop de maîtrise, vraiment on est très fort dans cet art ! On revient du Demi Fest, on a mangé notre claque, de Deadi à Alkpote, c’est fort !
S’il ne devait rester que trois artistes/groupes français… Lesquels et pourquoi ? Idem pour trois albums..? Et idem pour trois morceaux..?
Si je dois te faire trois reco, je dirais le dernier de Furax : Caravelles ; l’album de Okis, OK ; et celui de Souffrance, Tour de magie.
Merci infiniment de nous avoir accordé un peu de ton temps pour répondre à cette nouvelle interview ! On se donne rendez-vous au prochain projet, tu es prévenus désormais ! Big up à toi, à vous, au Maquis, et le mot de la fin t’appartient…
Longue vie au 901 ! Merci les gars, force à vous et on s’revoit bientôt ! Big up !
Contacts
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Eso : Instagram
Le Maquis : Instagram / Facebook / YouTube
Rowtag & 901 crew, le saviez-vous ?
Ami, toujours attentif et porteur de très bons conseils, Rowtag suit notre taf avec minutie depuis nos débuts. À l’automne 2021 est d’ailleurs enregistré en studio à Besac le morceau « En phase », produit par Greez, qui paraît en mai 2022 et qui propose une première collaboration concrète (avant les prochaines, bien sûr, et pourquoi pas avec Eso en plus !).