Interview #02 : rencontre avec Pierre de Hip-hop from Elsass
Il est l’homme qu’il faut connaître si, en Alsace, tu prétends t’y connaître…
Entretien réalisé en octobre 2022.
Sur la scène du rap alsacien, il est, pour reprendre un célèbre passage d’un tout aussi célèbre rappeur parisien, « l’homme à connaître si tu prétends t’y connaître ». Et, si tu n’le connais pas encore et qu’en plus de cela tu fais du son et qu’tu crèches dans l’six-sept ou l’six-huit, alors il est temps de s’y mettre.
Du Nord au Sud, sur l’axe géographique au fort accent alsacien, de Wissembourg à Altkirch en passant par Haguenau, Stras, Sélestat, Colmar ou encore Mulhouse, nombreux sont les activistes du hip-hop à le connaître et à citer son blase – éloge et remerciement pour tout le travail qu’il effectue en faveur de cette culture.
Dans ce nouvel entretien, le 901 crew rencontre et donne la parole au créateur de cette étonnante mais richissime plateforme médiatique indépendante : Pierre de Hip-hop from Elsass. Lui qui parle des projets de tous les rappeurs alsaciens, fallait bien que certains lui rendent la pareille pour parler de son propre projet !
Salut Pierre, merci pour le temps que tu nous consacres pour cet entretien. Avant d’évoquer ta passion pour le rap, Radio Bienvenue Strasbourg (RBS), Hip-hop from Elsass, toussa toussa, peux-tu, stp, te présenter en quelques mots ?
Salut l’équipe, déjà un gros merci pour l’invitation !
Je vais essayer d’être le plus concis possible : radio RBS c’est une radio associative historique à Strasbourg (ancienne radio pirate devenue officielle en 1981 avec la libération des « radios libres » par Mitterrand), elle est axée sur la vie associative et culturelle locale. Elle permet une liberté qui vaut de l’or : on est obligé par personne à diffuser tel ou tel son parce qu’il est dans les chartes donc on peut se permettre de faire découvrir des artistes pas connus.
J’y suis arrivé en 2017 en service civique puis en 2018 j’ai proposé de créer l’émission bénévole Hip-hop from Elsass (en constatant qu’il y a énormément de sons hip-hop dans la région) ou je relayais l’actualité des sorties locales en rap et RnB et interviewais des acteurs du « game » alsacien.
En 2019 on a commencé à développer (avec une équipe animateur/DJ : Ugo Ayss et James Djinn) des open mic à Strasbourg et en parallèle du contenu sur les réseaux sociaux pour relayer les nouveaux sons (Instagram, playlist Spotify, etc.).
Depuis septembre 2021, je travaille à RBS (avec une autre émission généraliste quotidienne sur la vie culturelle à Strasbourg qui n’est pas bénévole) où je diffuse aussi des artistes locaux.
J’ai envie d’écrire un méga pavé mais en gros Hip-hop from Elsass c’est un média qui a pour objectif d’être la « vitrine » de l’actualité hip-hop en Alsace avec la possibilité pour les artistes de faire ses premières expériences sur scène et ses premières diffusions radio, une sorte de « tremplin » local. Le but, c’est aussi de montrer qu’il n’y a pas que les rappeurs qui sont importants dans ce milieu : il y a aussi les beatmakers, les réalisateurs, les ingés son, les graphistes, etc. Tout ce petit monde se rencontre aux événements ou via les réseaux. C’est une grande fierté personnelle de voir qu’il y a plein de connexions qui se sont faites « grâce » à Hip-hop from Elsass.
On développe l’événementiel dans plusieurs lieux et j’aide certains organisateurs à faire des line-up d’artistes locaux vu qu’avec le temps j’ai acquis une sorte « d’expertise » sur les artistes rap alsaciens.
Désolé pour la longueur, j’essaye de faire au mieux, mais si vous voulez creuser il y a un article sur Rue89Strasbourg et sur le site de la SACEM ou je détaille l’histoire du projet.
En farfouillant dans tes souvenirs, où ta passion pour la culture hip-hop trouve racine et comment a-t-elle évolué avec le temps ? Idem pour ton attachement à l’Alsace ? Et, du coup, en mêlant les deux, peux-tu nous parler de ton goût et de toute l’attention que tu portes à la scène rap dans le Bas-Rhin et dans le Haut-Rhin ?
Je suis un gros baisé de rap j’en écoute depuis tout petit (aussi bien du « FR » que du « US »), ça rythme mes journées du matin au soir, en gros je suis un passionné parmi tant d’autres.
J’ai grandi à Strasbourg, mon père est né à Mulhouse et ma mère à Strasbourg, donc dès le berceau j’étais « from Elsass » ! J’aime énormément la région, je trouve qu’on a tout ce qu’il faut ici.
Je trouve ça intéressant et marrant de découvrir des artistes de sa propre ville/région voire quartier, de reconnaître des lieux dans les clips, etc. Au début de l’émission j’avais peur (je suis un grand stressé) de pas avoir assez de contenu mais après avoir fait du « diggage 2.0 » (des heures passées sur YouTube/Soundcloud et à vérifier que les artistes sont de la région), j’ai réalisé qu’il y avait la race de sons/clips à relayer.
Je pense qu’il y a du lourd dans chaque région, j’aime pas trop le style de discours « on est les meilleurs en Alsace », il faut juste fouiller, démarcher, s’intéresser, et on réalise qu’il y a plein de bons sons autour de nous. C’est juste que le marché est « saturé » : il y a des rappeurs partout en France donc pas de place pour tout le monde pour « percer ». C’est très frustrant de voir, par exemple, des clips/sons ultra qualitatifs qui dépassent pas les trois cents vues. Avec ce projet, je fais une sorte de « filtre » en relayant les sons un minimum pro (bon mix/master et des lyrics qui veulent pas strictement rien dire) et quand je « refuse » de relayer j’explique pourquoi et je file des contacts de studios et/ou beatmakers, etc.
J’ai juste envie de voir le game alsacien évoluer et se professionnaliser au max et pourquoi pas pour certains « percer », même si 99% des sons qui sont relayés viennent d’artistes qui ne vivent pas de la musique.
En gros j’ai mêlé mon amour du rap et de la région dans ce projet !
Outre toute ton activité avec RBS et Hip-hop from Elsass, pratiques-tu toi-même, ou as-tu pratiqué, le rap (et/ou une quelconque activité directement liée à la culture hip-hop) ?
Un peu d’écriture mais juste pour le kiff !
J’ai jamais rappé. Justement, j’ai un méga respect pour les rappeurs par rapport à ça : assumer sa musique, la mettre sur Internet, la jouer devant des gens, etc. Il faut avoir une sacré confiance en soi pour faire ça, ce qui n’est pas forcément mon cas ! Je suis un auditeur boulimique de rap mais pas un créateur.
Hip-hop from Elsass, ta création, existe depuis la rentrée de 2018. Peux-tu nous en faire l’historique complet, de l’idée de base à aujourd’hui en passant par des moments marquants ? De 2018 à 2022, quels ont toujours été les objectifs de ton média ? Et les buts précis ?
Septembre 2018 : choix du nom et création de l’émission radio hebdomadaire.
2019 : création de la page Instagram (là où le relai de l’actu se fait) et les premiers open mic.
2020 : une année à oublier, d’un point de vue personnel j’étais déprimé/perdu, j’avançais pas dans mes projets et dans la vie professionnelle, avec le recul Hip-hop from Elsass a stagné cette année-là.
2021 : développement de l’événementiel dans plusieurs lieux, partenariats avec d’autres structures et rendu un peu plus « pro » sur les réseaux (graphismes, formats, playlist Spotify, etc.).
Les objectifs principaux c’est de faire une « vitrine » de l’actualité musicale hip-hop en Alsace, créer des connexions entre les acteurs du game, pourquoi pas un jour vivre de ce projet, pour le moment c’est bénévole (pas de subventions) à part avec les événements où ça paye un peu l’équipe (animateurs/DJ et moi).
Ton histoire et celle de Hip-hop from Elsass semblent intimement liées à celle de RBS, non ? Peux-tu nous présenter et nous parler plus en détails de cette radio qui diffuse sur les ondes et sur Internet ? Ainsi que de ton émission hebdomadaire..?
C’est là où tout a commencé pour moi (quand je suis arrivé en service civique en 2017) : j’étais complétement paumé dans ma vie, je savais pas quoi faire. J’ai toujours été intéressé par la radio et le journalisme et RBS m’a mis à l’antenne dans la matinale de Talri (c’est uniquement du direct), ça a été très dur au début mais ça m’a fait vaincre ma timidité, ça m’a donné de la confiance en moi (qui était au plus bas en 2017 suite à un éventement familial douloureux).
Si j’étais pas rentré dans cette radio, jamais j’aurais eu l’idée de créer Hip-hop from Elsass. Pour faire court, cette image est la bonne : RBS c’est mes « parents » et Hip-hop from Elsass c’est mon bébé !
Es-tu seul à gérer Hip-hop from Elsass ? C’est chronophage ou, balek, c’est vraiment la passion qui prend le dessus ? Es-tu en lien constant avec d’autres activistes (rappeurs, associations, salles de concert…) ?
La gestion des réseaux (les posts, les DM, etc.) et la partie radio c’est moi. Par contre sur les événements il y a une équipe en rotation de DJ’s/animateurs. C’est effectivement chronophage (l’écoute des sons, la programmation, etc.) mais la passion et la motivation prennent le dessus.
Après, comme tout le monde, des fois ça me casse les couilles et je suis moins motivé mais quand je vois que c’est utile ou qu’une soirée s’est bien passée (les gens contents et du monde) ça me remet un coup de fouet et je me détèr à taffer !
Oui, il y a beaucoup de discussions avec les « acteurs » du game alsacien, et vu que le concept c’est relai de l’actualité c’est en flux tendu, la musique s’arrête jamais !
Ton média utilise à bon escient, en plus de la radio RBS, les réseaux sociaux et plateformes à disposition aisément : Instagram pour l’actu, Spotify pour la playlist actualisée, YouTube pour les redifs d’émission, entre autres. Tu peux nous dire quelques mots sur ces différents médium et la manière dont tu les utilises ?
Merci, ça fait plaisir, j’essaye d’utiliser tout ça à bon escient !
Instagram c’est pratique pour le côté visuel et les formats de posts (les slides où tu peux mettre plusieurs sons) et c’est là où il y a le plus de monde.
Spotify c’est le côté pratique, les gens avec leurs téléphones ou dans la caisse, ils peuvent se mettre du son alsacien directement et découvrir en mettant en mode aléatoire.
YouTube c’est pour ceux qui ont pas pu écouter en direct (mais c’est galère avec les droits d’auteurs des fois).
Sur le long terme j’aimerai développer le contenu vidéo mais ça demande des finances, même si des réalisateurs m’ont proposé ou m’ont fait des contenus (vidéos des soirées notamment) et je les remercie fortement pour ça.
Peut-être qu’on sera un jour sur TikTok mais le boomer qui sommeille en moi a encore du mal avec ce réseau !
Et, outre Internet, tu ne t’arrêtes pas là et tu fais activiste à plein temps : événements, open mic, etc. Quels sont les lieux qui accueillent Hip-hop from Elsass, pour quoi faire et avec quels participants/publics ?
On a commencé en 2019 à la Kulture (un bar où il y a un caveau pour des DJ sets, concerts, etc.) une fois par mois et maintenant on est à la Péniche mécanique (une péniche où plein d’events sont organisés).
Ça c’est pour les événements mensuels, ponctuellement on a fait des events dans d’autres d’endroits : le Wagon zouk, le Phare citadelle, en plein air à la Meinau avec la Compagnie Lu², cet été on a fait une collab avec la Ville de Colmar pour une soirée spéciale réalisateurs de clips devant le Grillen. On est parfois partenaire sur des events d’autres structures (par exemple Pelpass avec le festival de rap indé Ind’hip’hop).
Les events c’est principalement pour que les gens se rencontrent et bien sûr qu’ils kiffent. Même si on développe depuis 2021 le côté showcase, le cœur des events ça reste l’open mic, donner la possibilité à tout le monde de rapper devant des gens dans une ambiance bienveillante (on veut surtout pas qu’il y ait un esprit trop compétitif du style « je vais éteindre le rappeur qui vient de passer » et on a des bons retours là-dessus donc c’est cool).
Le public il est varié : il y a quasiment une mixité hommes/femmes même si il y a moins de meufs qui prennent le micro. Au niveau de l’âge il y a des anciens et des nouveaux qui viennent mais je dirais que la tranche d’âge majoritaire c’est entre dix-huit et trente-cinq ans.
Toi qui te charges d’être un relayeur de tout ce qui touche à la culture hip-hop en Alsace, tu vois passer plein de styles différents de rap. Du coup, quel est ton avis à son propos ? Est-ce que le rap dans notre région est autocentré sur Stras ? Ou est-il varié, aussi, géographiquement parlant ?
Il est varié. Il y en a pour tous les goûts, comme dans le rap français ! Il est légèrement centré sur Strasbourg vu que c’est de loin la plus grosse ville de la région (là où il y a le plus de studios, de salles de concerts, etc.) mais il y a aussi des scènes bien réelles à Colmar, Mulhouse et autres. C’est proportionnel au nombre d’habitants j’imagine.
Selon toi, en toute humilité, est-ce que tu penses que tu joues un rôle clef et important dans la cohésion des rappeurs, des organisateurs d’événements et, plus largement, de la culture hip-hop en Alsace afin de la faire (sur)vivre ?
Je joue un rôle mais pas forcément « clef ». Le concept crée des connexions et de l’émulation mais le rap alsacien continuerait à vivre sans Hip-hop from Elsass tout comme il vivait avant ! Je pense que ce qui fait la singularité de HHFE c’est que je partage vraiment tout le monde (comme dit plus haut avec une exigence de qualité audio), c’est-à-dire que je fais pas de favoritisme parce que un tel est mon pote et inversement si je connais pas quelqu’un (voire si il m’a parlé mal), je vais le partager de la même manière qu’un autre. C’est cette déontologie/neutralité journalistique que je m’efforce à respecter qui fait que ce média est « complet » sur le relai de l’actualité musicale locale.
Pour pousser plus loin encore, toujours en lien avec la culture hip-hop en Alsace, dis-nous : quels sont tes objectifs à court terme ? À long terme ? Et tes rêves/fantasmes les plus fous ?!
Si j’arrive à faire grossir suffisamment le projet j’aimerais à terme organiser un gros festival annuel du rap alsacien. Pourquoi pas me greffer à d’autres gros projets, en gros j’ai envie que le truc se développe au maximum même si je sais qu’il y a un « plafond de verre » dans le sens où ça reste alsaco-centré. L’un des objectifs est également le fait que ça devienne un vrai « métier » un jour de gérer un média rap alsacien.
Dans le nom de ton média, tu utilises de l’Alsacien plutôt que le mot français : « Elsass » plutôt que « Alsace ». Cette langue, riche et forte d’une histoire, reflétant une identité, s’entend encore beaucoup chez les grands-parents des uns et des autres. Elle doit perdurer et circuler encore. De base, c’était un choix purement esthétique de ta part ? Ou un acte véritablement engagé qui veut revendiquer une origine ? Est-ce que tu entends des rappeurs alsaciens qui utilisent cette langue et/ou revendiquent, retranscrivent, font vivre cette identité ?
Au tout début quand j’ai réfléchi aux noms je partais sur « Hip-hop von Elsass ». Puis je me suis dit que ça sonnait trop local, le but c’est aussi que des personnes d’autres régions, voire pays, puissent s’y intéresser. Le nom actuel me semble plus clair. Il y a quasiment aucun rappeur qui utilise cette langue, à part pour quelques phases mais jamais un texte en entier. Notre génération et même celle de nos parents utilisent peu l’Alsacien, c’est un dialecte en voie de disparation même s’il persiste dans les villages principalement.
Toi qui te charges de relayer sans jugement ni conditions particulières tous types de rappeurs et de rap, à condition qu’ils viennent d’Alsace ou qu’ils aient un lien avec la région (expatriés, etc.), comment vois-tu évoluer cette scène locale depuis tes débuts d’activiste ? Quels rapports entretient-elle avec le rap français dans sa globalité ? Quels éloges et quelles critiques aurais-tu à lui faire ?
J’ai le sentiment que la qualité musicale globale a augmenté et je pense que c’est lié à l’augmentation de l’accessibilité niveau matos pour enregistrer, cliper, etc. Avant que je crée HHFE je ne suivais pas autant la scène locale donc je pourrais pas te dire exactement mais en tout cas je pense qu’il y a bien plus de connexions, de collectifs, de collaborations. La critique que je pourrais faire c’est peut-être le manque de soutien entre les différents acteurs mais c’est une utopie dans le sens où on peut toujours plus se soutenir. Je pense que c’est pas propre à l’Alsace, c’est partout pareil : il y a de l’égo et des petites embrouilles.
Pour clore tranquillement cet entretien, on aimerait savoir un peu ce que tu écoutes et/ou recommandes en matière de rap local… Du coup, dis-nous, si tu devais nous faire ton « top 3 » des rappeurs alsaciens, qui y aurait-il ? Idem avec ton « top 3 » d’albums de rap alsacien..? Et ton « top 3 » des morceaux alsaciens..?
Je vais rester dans ma ligne de conduite par rapport à ça donc je donnerai pas mes préférences, mais bien sûr il y a des trucs que j’apprécie plus que d’autres.
D’une manière générale, j’aime pas le journalisme musical axée sur les « coups de cœur ». J’estime que les gens s’en foutent de mon avis et perso quand je consulte les médias rap je m’en fous de ce que le journaliste préfère, le taf est de relayer les sons et poser des questions pertinentes pendant les interviews.
Si des lecteurs découvrent Hip-hop from Elsass et veulent apporter leur pierre à l’édifice, proposer des morceaux, participer à des événements, etc., où et comment peuvent-ils te contacter ?
Soit par Instagram, soit par mail à hiphopfromelsass@gmail.com.
Pierre, 6768 mercis pour tout ce temps consacré à répondre à notre interview ! Merci, aussi, d’avoir commencé à relayer nos morceaux. Surtout, nous te souhaitons bonne route pour la suite, avec des projets par dizaine et en tous genres afin de faire vivre le rap made in Elsass ! On te laisse le mot d’la fin…
Merci à vous pour l’invitation et merci beaucoup pour votre taf sur les questions, ça m’a fait plaisir d’y répondre !
Longue vie aux passionnés comme vous !
Contacts : e-mail / radio RBS / Instagram / Facebook / YouTube / Spotify
Hip-hop from Elsass & 901 crew, le saviez-vous ?
L’argument avancé, sous le signe de l’humour bien sûr, « Belfort et De2le ont été Alsaciens sur de longues périodes, on entre dans le critère principal poto ! » n’a, au départ, pas suffit pour que Pierre et Hip-hop from Elsass relayent nos morceaux. Évidemment, et on l’comprend tout à fait. Mais c’était sans compter la longue période de vie passée à Strasbourg par l'un de nous et la très forte attache entre lui et cette ville – en témoigne, entre autres, un passage du morceau « 10h50, un matin d’août 1992 » –, rendant alors possible le relais de notre modeste zic d’amateur sur les canaux de Hip-hop from Elsass. Pierre : merci !
Du Nord au Sud, sur l’axe géographique au fort accent alsacien, de Wissembourg à Altkirch en passant par Haguenau, Stras, Sélestat, Colmar ou encore Mulhouse, nombreux sont les activistes du hip-hop à le connaître et à citer son blase – éloge et remerciement pour tout le travail qu’il effectue en faveur de cette culture.
Dans ce nouvel entretien, le 901 crew rencontre et donne la parole au créateur de cette étonnante mais richissime plateforme médiatique indépendante : Pierre de Hip-hop from Elsass. Lui qui parle des projets de tous les rappeurs alsaciens, fallait bien que certains lui rendent la pareille pour parler de son propre projet !
Salut Pierre, merci pour le temps que tu nous consacres pour cet entretien. Avant d’évoquer ta passion pour le rap, Radio Bienvenue Strasbourg (RBS), Hip-hop from Elsass, toussa toussa, peux-tu, stp, te présenter en quelques mots ?
Salut l’équipe, déjà un gros merci pour l’invitation !
Je vais essayer d’être le plus concis possible : radio RBS c’est une radio associative historique à Strasbourg (ancienne radio pirate devenue officielle en 1981 avec la libération des « radios libres » par Mitterrand), elle est axée sur la vie associative et culturelle locale. Elle permet une liberté qui vaut de l’or : on est obligé par personne à diffuser tel ou tel son parce qu’il est dans les chartes donc on peut se permettre de faire découvrir des artistes pas connus.
J’y suis arrivé en 2017 en service civique puis en 2018 j’ai proposé de créer l’émission bénévole Hip-hop from Elsass (en constatant qu’il y a énormément de sons hip-hop dans la région) ou je relayais l’actualité des sorties locales en rap et RnB et interviewais des acteurs du « game » alsacien.
En 2019 on a commencé à développer (avec une équipe animateur/DJ : Ugo Ayss et James Djinn) des open mic à Strasbourg et en parallèle du contenu sur les réseaux sociaux pour relayer les nouveaux sons (Instagram, playlist Spotify, etc.).
Depuis septembre 2021, je travaille à RBS (avec une autre émission généraliste quotidienne sur la vie culturelle à Strasbourg qui n’est pas bénévole) où je diffuse aussi des artistes locaux.
J’ai envie d’écrire un méga pavé mais en gros Hip-hop from Elsass c’est un média qui a pour objectif d’être la « vitrine » de l’actualité hip-hop en Alsace avec la possibilité pour les artistes de faire ses premières expériences sur scène et ses premières diffusions radio, une sorte de « tremplin » local. Le but, c’est aussi de montrer qu’il n’y a pas que les rappeurs qui sont importants dans ce milieu : il y a aussi les beatmakers, les réalisateurs, les ingés son, les graphistes, etc. Tout ce petit monde se rencontre aux événements ou via les réseaux. C’est une grande fierté personnelle de voir qu’il y a plein de connexions qui se sont faites « grâce » à Hip-hop from Elsass.
On développe l’événementiel dans plusieurs lieux et j’aide certains organisateurs à faire des line-up d’artistes locaux vu qu’avec le temps j’ai acquis une sorte « d’expertise » sur les artistes rap alsaciens.
Désolé pour la longueur, j’essaye de faire au mieux, mais si vous voulez creuser il y a un article sur Rue89Strasbourg et sur le site de la SACEM ou je détaille l’histoire du projet.
En farfouillant dans tes souvenirs, où ta passion pour la culture hip-hop trouve racine et comment a-t-elle évolué avec le temps ? Idem pour ton attachement à l’Alsace ? Et, du coup, en mêlant les deux, peux-tu nous parler de ton goût et de toute l’attention que tu portes à la scène rap dans le Bas-Rhin et dans le Haut-Rhin ?
Je suis un gros baisé de rap j’en écoute depuis tout petit (aussi bien du « FR » que du « US »), ça rythme mes journées du matin au soir, en gros je suis un passionné parmi tant d’autres.
J’ai grandi à Strasbourg, mon père est né à Mulhouse et ma mère à Strasbourg, donc dès le berceau j’étais « from Elsass » ! J’aime énormément la région, je trouve qu’on a tout ce qu’il faut ici.
Je trouve ça intéressant et marrant de découvrir des artistes de sa propre ville/région voire quartier, de reconnaître des lieux dans les clips, etc. Au début de l’émission j’avais peur (je suis un grand stressé) de pas avoir assez de contenu mais après avoir fait du « diggage 2.0 » (des heures passées sur YouTube/Soundcloud et à vérifier que les artistes sont de la région), j’ai réalisé qu’il y avait la race de sons/clips à relayer.
Je pense qu’il y a du lourd dans chaque région, j’aime pas trop le style de discours « on est les meilleurs en Alsace », il faut juste fouiller, démarcher, s’intéresser, et on réalise qu’il y a plein de bons sons autour de nous. C’est juste que le marché est « saturé » : il y a des rappeurs partout en France donc pas de place pour tout le monde pour « percer ». C’est très frustrant de voir, par exemple, des clips/sons ultra qualitatifs qui dépassent pas les trois cents vues. Avec ce projet, je fais une sorte de « filtre » en relayant les sons un minimum pro (bon mix/master et des lyrics qui veulent pas strictement rien dire) et quand je « refuse » de relayer j’explique pourquoi et je file des contacts de studios et/ou beatmakers, etc.
J’ai juste envie de voir le game alsacien évoluer et se professionnaliser au max et pourquoi pas pour certains « percer », même si 99% des sons qui sont relayés viennent d’artistes qui ne vivent pas de la musique.
En gros j’ai mêlé mon amour du rap et de la région dans ce projet !
Outre toute ton activité avec RBS et Hip-hop from Elsass, pratiques-tu toi-même, ou as-tu pratiqué, le rap (et/ou une quelconque activité directement liée à la culture hip-hop) ?
Un peu d’écriture mais juste pour le kiff !
J’ai jamais rappé. Justement, j’ai un méga respect pour les rappeurs par rapport à ça : assumer sa musique, la mettre sur Internet, la jouer devant des gens, etc. Il faut avoir une sacré confiance en soi pour faire ça, ce qui n’est pas forcément mon cas ! Je suis un auditeur boulimique de rap mais pas un créateur.
Hip-hop from Elsass, ta création, existe depuis la rentrée de 2018. Peux-tu nous en faire l’historique complet, de l’idée de base à aujourd’hui en passant par des moments marquants ? De 2018 à 2022, quels ont toujours été les objectifs de ton média ? Et les buts précis ?
Septembre 2018 : choix du nom et création de l’émission radio hebdomadaire.
2019 : création de la page Instagram (là où le relai de l’actu se fait) et les premiers open mic.
2020 : une année à oublier, d’un point de vue personnel j’étais déprimé/perdu, j’avançais pas dans mes projets et dans la vie professionnelle, avec le recul Hip-hop from Elsass a stagné cette année-là.
2021 : développement de l’événementiel dans plusieurs lieux, partenariats avec d’autres structures et rendu un peu plus « pro » sur les réseaux (graphismes, formats, playlist Spotify, etc.).
Les objectifs principaux c’est de faire une « vitrine » de l’actualité musicale hip-hop en Alsace, créer des connexions entre les acteurs du game, pourquoi pas un jour vivre de ce projet, pour le moment c’est bénévole (pas de subventions) à part avec les événements où ça paye un peu l’équipe (animateurs/DJ et moi).
Ton histoire et celle de Hip-hop from Elsass semblent intimement liées à celle de RBS, non ? Peux-tu nous présenter et nous parler plus en détails de cette radio qui diffuse sur les ondes et sur Internet ? Ainsi que de ton émission hebdomadaire..?
C’est là où tout a commencé pour moi (quand je suis arrivé en service civique en 2017) : j’étais complétement paumé dans ma vie, je savais pas quoi faire. J’ai toujours été intéressé par la radio et le journalisme et RBS m’a mis à l’antenne dans la matinale de Talri (c’est uniquement du direct), ça a été très dur au début mais ça m’a fait vaincre ma timidité, ça m’a donné de la confiance en moi (qui était au plus bas en 2017 suite à un éventement familial douloureux).
Si j’étais pas rentré dans cette radio, jamais j’aurais eu l’idée de créer Hip-hop from Elsass. Pour faire court, cette image est la bonne : RBS c’est mes « parents » et Hip-hop from Elsass c’est mon bébé !
Es-tu seul à gérer Hip-hop from Elsass ? C’est chronophage ou, balek, c’est vraiment la passion qui prend le dessus ? Es-tu en lien constant avec d’autres activistes (rappeurs, associations, salles de concert…) ?
La gestion des réseaux (les posts, les DM, etc.) et la partie radio c’est moi. Par contre sur les événements il y a une équipe en rotation de DJ’s/animateurs. C’est effectivement chronophage (l’écoute des sons, la programmation, etc.) mais la passion et la motivation prennent le dessus.
Après, comme tout le monde, des fois ça me casse les couilles et je suis moins motivé mais quand je vois que c’est utile ou qu’une soirée s’est bien passée (les gens contents et du monde) ça me remet un coup de fouet et je me détèr à taffer !
Oui, il y a beaucoup de discussions avec les « acteurs » du game alsacien, et vu que le concept c’est relai de l’actualité c’est en flux tendu, la musique s’arrête jamais !
Ton média utilise à bon escient, en plus de la radio RBS, les réseaux sociaux et plateformes à disposition aisément : Instagram pour l’actu, Spotify pour la playlist actualisée, YouTube pour les redifs d’émission, entre autres. Tu peux nous dire quelques mots sur ces différents médium et la manière dont tu les utilises ?
Merci, ça fait plaisir, j’essaye d’utiliser tout ça à bon escient !
Instagram c’est pratique pour le côté visuel et les formats de posts (les slides où tu peux mettre plusieurs sons) et c’est là où il y a le plus de monde.
Spotify c’est le côté pratique, les gens avec leurs téléphones ou dans la caisse, ils peuvent se mettre du son alsacien directement et découvrir en mettant en mode aléatoire.
YouTube c’est pour ceux qui ont pas pu écouter en direct (mais c’est galère avec les droits d’auteurs des fois).
Sur le long terme j’aimerai développer le contenu vidéo mais ça demande des finances, même si des réalisateurs m’ont proposé ou m’ont fait des contenus (vidéos des soirées notamment) et je les remercie fortement pour ça.
Peut-être qu’on sera un jour sur TikTok mais le boomer qui sommeille en moi a encore du mal avec ce réseau !
Et, outre Internet, tu ne t’arrêtes pas là et tu fais activiste à plein temps : événements, open mic, etc. Quels sont les lieux qui accueillent Hip-hop from Elsass, pour quoi faire et avec quels participants/publics ?
On a commencé en 2019 à la Kulture (un bar où il y a un caveau pour des DJ sets, concerts, etc.) une fois par mois et maintenant on est à la Péniche mécanique (une péniche où plein d’events sont organisés).
Ça c’est pour les événements mensuels, ponctuellement on a fait des events dans d’autres d’endroits : le Wagon zouk, le Phare citadelle, en plein air à la Meinau avec la Compagnie Lu², cet été on a fait une collab avec la Ville de Colmar pour une soirée spéciale réalisateurs de clips devant le Grillen. On est parfois partenaire sur des events d’autres structures (par exemple Pelpass avec le festival de rap indé Ind’hip’hop).
Les events c’est principalement pour que les gens se rencontrent et bien sûr qu’ils kiffent. Même si on développe depuis 2021 le côté showcase, le cœur des events ça reste l’open mic, donner la possibilité à tout le monde de rapper devant des gens dans une ambiance bienveillante (on veut surtout pas qu’il y ait un esprit trop compétitif du style « je vais éteindre le rappeur qui vient de passer » et on a des bons retours là-dessus donc c’est cool).
Le public il est varié : il y a quasiment une mixité hommes/femmes même si il y a moins de meufs qui prennent le micro. Au niveau de l’âge il y a des anciens et des nouveaux qui viennent mais je dirais que la tranche d’âge majoritaire c’est entre dix-huit et trente-cinq ans.
Toi qui te charges d’être un relayeur de tout ce qui touche à la culture hip-hop en Alsace, tu vois passer plein de styles différents de rap. Du coup, quel est ton avis à son propos ? Est-ce que le rap dans notre région est autocentré sur Stras ? Ou est-il varié, aussi, géographiquement parlant ?
Il est varié. Il y en a pour tous les goûts, comme dans le rap français ! Il est légèrement centré sur Strasbourg vu que c’est de loin la plus grosse ville de la région (là où il y a le plus de studios, de salles de concerts, etc.) mais il y a aussi des scènes bien réelles à Colmar, Mulhouse et autres. C’est proportionnel au nombre d’habitants j’imagine.
Selon toi, en toute humilité, est-ce que tu penses que tu joues un rôle clef et important dans la cohésion des rappeurs, des organisateurs d’événements et, plus largement, de la culture hip-hop en Alsace afin de la faire (sur)vivre ?
Je joue un rôle mais pas forcément « clef ». Le concept crée des connexions et de l’émulation mais le rap alsacien continuerait à vivre sans Hip-hop from Elsass tout comme il vivait avant ! Je pense que ce qui fait la singularité de HHFE c’est que je partage vraiment tout le monde (comme dit plus haut avec une exigence de qualité audio), c’est-à-dire que je fais pas de favoritisme parce que un tel est mon pote et inversement si je connais pas quelqu’un (voire si il m’a parlé mal), je vais le partager de la même manière qu’un autre. C’est cette déontologie/neutralité journalistique que je m’efforce à respecter qui fait que ce média est « complet » sur le relai de l’actualité musicale locale.
Pour pousser plus loin encore, toujours en lien avec la culture hip-hop en Alsace, dis-nous : quels sont tes objectifs à court terme ? À long terme ? Et tes rêves/fantasmes les plus fous ?!
Si j’arrive à faire grossir suffisamment le projet j’aimerais à terme organiser un gros festival annuel du rap alsacien. Pourquoi pas me greffer à d’autres gros projets, en gros j’ai envie que le truc se développe au maximum même si je sais qu’il y a un « plafond de verre » dans le sens où ça reste alsaco-centré. L’un des objectifs est également le fait que ça devienne un vrai « métier » un jour de gérer un média rap alsacien.
Dans le nom de ton média, tu utilises de l’Alsacien plutôt que le mot français : « Elsass » plutôt que « Alsace ». Cette langue, riche et forte d’une histoire, reflétant une identité, s’entend encore beaucoup chez les grands-parents des uns et des autres. Elle doit perdurer et circuler encore. De base, c’était un choix purement esthétique de ta part ? Ou un acte véritablement engagé qui veut revendiquer une origine ? Est-ce que tu entends des rappeurs alsaciens qui utilisent cette langue et/ou revendiquent, retranscrivent, font vivre cette identité ?
Au tout début quand j’ai réfléchi aux noms je partais sur « Hip-hop von Elsass ». Puis je me suis dit que ça sonnait trop local, le but c’est aussi que des personnes d’autres régions, voire pays, puissent s’y intéresser. Le nom actuel me semble plus clair. Il y a quasiment aucun rappeur qui utilise cette langue, à part pour quelques phases mais jamais un texte en entier. Notre génération et même celle de nos parents utilisent peu l’Alsacien, c’est un dialecte en voie de disparation même s’il persiste dans les villages principalement.
Toi qui te charges de relayer sans jugement ni conditions particulières tous types de rappeurs et de rap, à condition qu’ils viennent d’Alsace ou qu’ils aient un lien avec la région (expatriés, etc.), comment vois-tu évoluer cette scène locale depuis tes débuts d’activiste ? Quels rapports entretient-elle avec le rap français dans sa globalité ? Quels éloges et quelles critiques aurais-tu à lui faire ?
J’ai le sentiment que la qualité musicale globale a augmenté et je pense que c’est lié à l’augmentation de l’accessibilité niveau matos pour enregistrer, cliper, etc. Avant que je crée HHFE je ne suivais pas autant la scène locale donc je pourrais pas te dire exactement mais en tout cas je pense qu’il y a bien plus de connexions, de collectifs, de collaborations. La critique que je pourrais faire c’est peut-être le manque de soutien entre les différents acteurs mais c’est une utopie dans le sens où on peut toujours plus se soutenir. Je pense que c’est pas propre à l’Alsace, c’est partout pareil : il y a de l’égo et des petites embrouilles.
Pour clore tranquillement cet entretien, on aimerait savoir un peu ce que tu écoutes et/ou recommandes en matière de rap local… Du coup, dis-nous, si tu devais nous faire ton « top 3 » des rappeurs alsaciens, qui y aurait-il ? Idem avec ton « top 3 » d’albums de rap alsacien..? Et ton « top 3 » des morceaux alsaciens..?
Je vais rester dans ma ligne de conduite par rapport à ça donc je donnerai pas mes préférences, mais bien sûr il y a des trucs que j’apprécie plus que d’autres.
D’une manière générale, j’aime pas le journalisme musical axée sur les « coups de cœur ». J’estime que les gens s’en foutent de mon avis et perso quand je consulte les médias rap je m’en fous de ce que le journaliste préfère, le taf est de relayer les sons et poser des questions pertinentes pendant les interviews.
Si des lecteurs découvrent Hip-hop from Elsass et veulent apporter leur pierre à l’édifice, proposer des morceaux, participer à des événements, etc., où et comment peuvent-ils te contacter ?
Soit par Instagram, soit par mail à hiphopfromelsass@gmail.com.
Pierre, 6768 mercis pour tout ce temps consacré à répondre à notre interview ! Merci, aussi, d’avoir commencé à relayer nos morceaux. Surtout, nous te souhaitons bonne route pour la suite, avec des projets par dizaine et en tous genres afin de faire vivre le rap made in Elsass ! On te laisse le mot d’la fin…
Merci à vous pour l’invitation et merci beaucoup pour votre taf sur les questions, ça m’a fait plaisir d’y répondre !
Longue vie aux passionnés comme vous !
Contacts : e-mail / radio RBS / Instagram / Facebook / YouTube / Spotify
Hip-hop from Elsass & 901 crew, le saviez-vous ?
L’argument avancé, sous le signe de l’humour bien sûr, « Belfort et De2le ont été Alsaciens sur de longues périodes, on entre dans le critère principal poto ! » n’a, au départ, pas suffit pour que Pierre et Hip-hop from Elsass relayent nos morceaux. Évidemment, et on l’comprend tout à fait. Mais c’était sans compter la longue période de vie passée à Strasbourg par l'un de nous et la très forte attache entre lui et cette ville – en témoigne, entre autres, un passage du morceau « 10h50, un matin d’août 1992 » –, rendant alors possible le relais de notre modeste zic d’amateur sur les canaux de Hip-hop from Elsass. Pierre : merci !