Interview #01 : rencontre avec Deejuli'one
Balance le son, DJ !
Entretien réalisé en août 2022.
On l’a capté pour la première fois en septembre 2019 en organisant un petit cert-con dans la vaste campagne comtoise avec, entre autres, le poto Dimeh Napalm et Kacem Wapalek, il accompagnait les gars sûrs du Maquis pour une grande prestation scénique dont on se souviendra…
On l’a entendu et on l’entend encore sur bon nombre de projets de qualité de la face Est de l’Hexagone, d’abord tout récemment en audio sur le skeud d’Eso et Rowtag, Fil d’Ariane, et ensuite encore tout récemment de visu sur scène au Hip-hop from Elsass pour la représentation de Guig’z…
On lit avec grand plaisir son blase inscrit sur le premier track de notre modeste et très amateur Triple diptyque où il nous a fait l’honneur d’accepter de compiler et de scratcher, sur quasi trois minutes exquises, des morceaux de peura venant directement du cru de notre petite bourgade… Deejuli’one ! Rencontre, discussion et décryptage en vingt questions.
On a longuement pratiqué le fanzine et, à force, on ne sait même plus comment formuler la première question tant elle est basique mais incontournable..! Alors allons droit au but : en mettant plus ou moins la zic de côté, en parlant davantage à Julien qu’à Deejuli’one, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour à vous, moi c’est Julien, quarante-quatre ans, je suis de Dijon.
Désormais, peux-tu te présenter en tant que DJ ? D’où vient et quel est le sens de ton blase ? Quel est ton parcours dans le milieu de la musique ?
Mon blase c’est Deejuli’one, DJ depuis 1999. J’ai pas cherché très loin : mon prénom c’est Julien. Au départ c’était Juli1 et je l’ai joué à la kainri en mode Juli’one, haha ! J’ai commencé à écouter du rap fin des années 1980, début 1990, mais c’est seulement vers 1995 que j’ai commencé à m’intéresser au DJing.
Comment es-tu tombé dans cette culture ? Est-ce que selon toi elle se limite à être une culture musicale de rap et de hip-hop ou est-ce qu’elle va plus loin ? Qu’est-ce qui t’attires dans ce monde-là ?
Si mes souvenirs sont bons, je crois que c’est grâce à ma sœur que je suis tombé là-dedans. Elle écoutait beaucoup de soul, new jack et R’n’B. Le seul souci, c’est que ça me saoulait, ça chantait trop lol mais je kiffais les beats, du coup j’ai cherché des musiques similaires où ça kickait sale et j’ai découvert le rap. L’émission hip-hop de Sydney y a contribué aussi.
Cette culture c’est un art de vivre : c’est le rap mais aussi le break, le graff, le DJing… C’est le hip-hop. À l’époque, dans les années 1990, c’était une appartenance à un groupe bien précis et ça voulait dire beaucoup.
Ce qui m’y attire… Je sais pas trop mais je m’y sens bien dans cette culture hip-hop !
En faisant directement appel à ta mémoire, pourrais-tu nous confier trois moments marquants dans ta carrière de DJ ? Des scènes, des dates, des événements, bref, trois épisodes qui te restent en tête quand tu regardes derrière toi et qui te semblent déterminants.
Le premier, c’est quand j’ai sorti ma première mixtape Hip-hop terre à risques en 2000. Le deuxième, je dirais c’est quand j’ai joué sur la même scène que DJ Qbert à La Vapeur à Dijon en 2008. Le troisième, c’est quand j’ai eu mon blase sur un vinyle en 2017.
Notre question va peut-être te sembler bête mais pourtant, à nos yeux, elle n’est pas dénuée de sens pour nos lecteurs… Selon toi, c’est quoi être DJ ? Quelles différences vois-tu d’avec un beatmaker ? Et avec un producteur ? Peut-être y a-t-il bien plus de diversité et d’autonomie dans ta discipline…
Le DJ, pour moi, c’est celui qui mixe, qui scratche tout seul ou avec un groupe. Le beatmaker compose le son, c’est un autre job qui n’a rien à voir avec celui de DJ. Par contre, beaucoup de DJ’s sont aussi beatmaker. Le producteur c’est comme le beatmaker mais en français lol, après tu as le producteur exécutif qui met les sous sur un artiste ou un projet, c’est l’investisseur.
Je pense pas qu’il y ait plus de diversité ou d’autonomie, chaque discipline est très vaste.
En solo, quel est ton taf en tant que DJ ? Et avec un rappeur ? Et avec un groupe ?
Mon taf, c’est le mixe et le scratch en solo, avec un MC ou avec un groupe. Je suis là pour enchainer les sons du set, accompagner avec des scratches sur les refrains, montrer que le DJ fait partie du groupe et qu’il n’est pas simplement un jukebox.
Ton truc, ç’a toujours été les platines, ou tu t’es déjà essayé à peura ? Et à créer des prods ? Ou encore à faire des projets solos de A à Z ?
Avec mon premier groupe qui s’appelait Skrokri, j’avais écrit quelques textes pour motiver les MC’s de la troupe mais je me sentais plus à l’aise derrière les platines, j’ai vite lâché le mic. De temps en temps je fais de la prod pour scratcher dessus ou faire des remixes mais ça demande trop de temps et je suis de nature plutôt flemmarde..!
En projet solo, j’en ai fait qu’un, en 2003, une mixtape qui s’appelle La Source.
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton taf et quelles sont les similitudes et les différences entre la maison, le studio, la scène et la soirée à animer genre avant les concerts ?
La plupart du temps, mon taf c’est de poser des scratches sur des morceaux. Je fais ça chez moi, au calme, je suis rarement allé enregistrer en studio – c’est pas utile.
En général, je prépare mes sets de mix à la maison, je sélectionne les morceaux que je vais jouer mais arrivé sur un concert, ça peut changer selon l’ambiance, j’essaie de m’adapter tout en jouant des sons que j’affectionne.
Généralement, comment et avec qui collabores-tu ? Es-tu un électron libre ou fais-tu partie d’un crew ? As-tu des personnes qui suivent de près ton travail et que tu retrouves en concert ?
Les collabs se font au feeling la plupart du temps et via mes connaissances. Je peux bosser avec n’importe qui, je ne fais partie d’aucun groupe mais j’ai collabore avec pas mal de groupes comme Eskisscrew, Le Maquis, Posse’tillon sur Dijon, Dan et Elio sur Besançon, Les Sales Gueules sur Grenoble… Et les rappeurs solo comme Guig’z, Stélio, Kedcro, Vxa et pleins d’autres, la liste est longue haha !
Bien sûr, c’est principalement des artistes locaux, j’ai eu la chance de faire le DJ pour Sefyu à Montbard et Swift Guad à Dijon parce qu’ils n’avaient pas de DJ mais sinon je bosse local.
Lorsque tu bosses avec quelqu’un (rappeur, groupe, organisateur de concert…), c’est généralement sur ta demande ou sur la sienne ? Est-ce que tu bosses avec quelqu’un seulement si tu apprécies et te retrouves dans son projet ? As-tu un rôle déterminant de décision auprès de lui (modification et agencement d’un morceau par exemple) ?
À 99%, on vient vers moi pour me demander des scratches ou mixes, parce que de base je fais ça pour moi, je n’ai jamais cherché à être exposé ou à collaborer avec des « têtes d’affiches ». Si je collab avec quelqu’un c’est effectivement que j’apprécie son projet. Mon travail est gratuit donc le minimum c’est que je puisse kiffer le produit fini. Si le son ne me plaît pas, je n’arriverais pas à faire un truc avec.
Je ne suis aucunement décisionnaire sur le morceau, ma seule requête, en général, c’est que mes scratches ne soient pas décalés au mix/master – la base…
Lorsqu’on écoute les créations de la scène locale, de Dijon à Strasbourg, on croise souvent ton blase. En fouillant un peu, on te voit même avec des Stélio ou encore des Swift Guad ! Petit à petit, travail à l’appui, tu es parvenu à tisser un bon réseau pour exercer ta passion ?
Oui, je tourne régulièrement avec Stélio, ça fait longtemps que l’on se connaît comme avec Kedcro, Guig’z ou d’autres selon leurs besoins. Avec Swift Guad, c’est arrivé une fois quand il est venu à Dijon parce qu’il n’avait pas de DJ et je remercie Stélio de m’avoir mis sur le plan, c’était une bête d’expérience !
C’est sûr, petit à petit j’ai réussi à me faire connaître sur la scène dijonnaise sans vraiment le vouloir et grâce aussi aux autres DJ’s qui m’ont encouragé, j’ai pu continuer à faire ce qui me plaît.
Et niveau matos/technique, avec quoi bosses-tu généralement pour quelles finalités ?
J’ai le même matos depuis 2003, ça bouge pas. Une Vestax PMC-06 et deux Technics MK2. J’ai aussi un système DVS qui permet de jouer aux platines les sons qui viennent de l’ordinateur, ça me sert énormément en soirée avec les MC’s pour passer leurs prods.
Parviens-tu à progresser encore dans ta pratique ? De quelle manière ? Aussi bien en bossant chez toi que sur scène ?
Bien sûr, c’est toujours possible de progresser surtout à l’heure actuelle avec des tutos sur le net, des écoles de DJ et le partage entre DJ’s, c’est infini comme art !
Le gros du boulot se fait à la maison en mode entraînement, perso j’adore le freestyle, moi c’est mon mode de training. Sur scène c’est différent : il faut être prêt, c’est plus du training, il faut être carré.
As-tu des grands noms de DJ, de ta discipline, peut-être trop méconnus, à nous partager ?
Le scratch est une discipline méconnue de base. Le premier à citer, bien sûr, c’est DJ Qbert et son crew ISP, ils sont en place depuis les années 1990 et personne n’a jamais réussi à être au niveau – enfin, c’est mon avis. Ensuite tu as des inconnus comme Symatic qui vient d’Angleterre, Ctrlx qui vient des États-Unis, Taztikal qui vient d’Allemagne et Twiddle qui vient de France, qui ont un level monstrueux. Je pourrais vous en citer beaucoup d’autres, la liste est très longue…
En matière de rap français, toutes périodes confondues, si tu avais trois morceaux à faire ressortir à tout prix, ce serait lesquels et pourquoi ? Et trois albums ? Et trois rappeurs/groupes ?
Akhenaton, « Un brin de haine » de l’album Métèque et mat. Furax Barbarossa feat Sendo, « Le Chant des hommes saouls » de l’album Testa nera. Oxmo Puccino, « L’Enfant seul » de l’album Opera puccino. Pourquoi ? Parce que je les kiffe à mort ces trois albums qui m’ont marqué à leur sortie, les textes et les prods sont dingues !
Écoutes-tu d’autres styles de zic et viennent-ils nourrir ton travail de DJ ?
Oui j’écoute d’autres styles de musique : reggae, D’n’B, funk, soul, musique classique, jazz… Chaque musique est source d’inspiration, c’est ce qui est intéressant, et le scratch peut accompagner tout style musical.
À l’heure actuelle, est-ce que tu te retrouves dans le monde du rap dans sa globalité ? Quelles critiques pourrais-tu lui faire ? Et quels éloges pourrais-tu en dresser ?
Ça fait bien longtemps que je suis en marge de ce monde du rap, je regarde ça de très loin…
Une critique que je pourrais faire, c’est qu’on est trop dans le « son consommable », dans le sens où les rappeurs sortent des titres sans cesse pour ne pas se faire oublier sauf que beaucoup de gens oublient vite les morceaux. Précédemment je vous ai cité des titres sortis en 1995, je suis pas sûr que dans trente ans je puisse citer des titres de maintenant, parce qu’il y en a trop tout simplement.
En éloge je dirais que je suis content de voir que les nouvelles générations de MC’s ne sont pas toutes perdues dans le game à la recherche de likes et de vues…
Chaque vendredi soir, tu animes « Dangerous ground », une émission diffusée sur Radio Campus Dijon. Tu peux nous en dire quelques mots, nous expliquer le concept et nous dire le rôle que tu y joues ?
C’est une émission de mix hip-hop de deux heures en direct que j’anime avec mon collègue DJ K-lim où l’on passe généralement les nouveautés qui nous ont tapé dans l’oreille !
Où nos lecteurs peuvent-ils suivre ton actualité ? Te contacter ? Te croiser, échanger un peu pour faire connaissance et voir pour taffer ensemble sur des projets ?
Sur Facebook, c’est le plus simple pour suivre l’actu et me contacter, ou par e-mail.
Deejuli’one, mille mercis pour le taf effectué sur nos projets, pour ta disponibilité, pour ta sympathie et, surtout, pour le temps consacré à cet entretien qui souhaite mettre en avant ta discipline et tes créations ! Les deux reufs du 901 te souhaitent tout d’bon pour la suite ! Le mot de la fin t’appartient…
Un big up à toute l’équipe ! Bravo pour votre travail et continuez à faire ce que vous aimez sans vous soucier des tendances à suivre. Peace !
Collabs de Deejuli'one : YouTube
Deejuli’one & 901 crew : le saviez-vous ?
Lors de la sortie de notre premier projet Triple diptyque en juillet 2022, Deejuli’one s’est chargé de mixer/scratcher une vingtaine de morceaux de rappeurs originaires, comme nous, de Delle, sur notre morceau « Quatre-vingt-dix mille cent », le premier des cinq tracks. De quoi ouvrir l’EP en célébrant ce qui a déjà été fait dans notre ville et d’ajouter notre pierre à l’édifice !
On l’a entendu et on l’entend encore sur bon nombre de projets de qualité de la face Est de l’Hexagone, d’abord tout récemment en audio sur le skeud d’Eso et Rowtag, Fil d’Ariane, et ensuite encore tout récemment de visu sur scène au Hip-hop from Elsass pour la représentation de Guig’z…
On lit avec grand plaisir son blase inscrit sur le premier track de notre modeste et très amateur Triple diptyque où il nous a fait l’honneur d’accepter de compiler et de scratcher, sur quasi trois minutes exquises, des morceaux de peura venant directement du cru de notre petite bourgade… Deejuli’one ! Rencontre, discussion et décryptage en vingt questions.
On a longuement pratiqué le fanzine et, à force, on ne sait même plus comment formuler la première question tant elle est basique mais incontournable..! Alors allons droit au but : en mettant plus ou moins la zic de côté, en parlant davantage à Julien qu’à Deejuli’one, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour à vous, moi c’est Julien, quarante-quatre ans, je suis de Dijon.
Désormais, peux-tu te présenter en tant que DJ ? D’où vient et quel est le sens de ton blase ? Quel est ton parcours dans le milieu de la musique ?
Mon blase c’est Deejuli’one, DJ depuis 1999. J’ai pas cherché très loin : mon prénom c’est Julien. Au départ c’était Juli1 et je l’ai joué à la kainri en mode Juli’one, haha ! J’ai commencé à écouter du rap fin des années 1980, début 1990, mais c’est seulement vers 1995 que j’ai commencé à m’intéresser au DJing.
Comment es-tu tombé dans cette culture ? Est-ce que selon toi elle se limite à être une culture musicale de rap et de hip-hop ou est-ce qu’elle va plus loin ? Qu’est-ce qui t’attires dans ce monde-là ?
Si mes souvenirs sont bons, je crois que c’est grâce à ma sœur que je suis tombé là-dedans. Elle écoutait beaucoup de soul, new jack et R’n’B. Le seul souci, c’est que ça me saoulait, ça chantait trop lol mais je kiffais les beats, du coup j’ai cherché des musiques similaires où ça kickait sale et j’ai découvert le rap. L’émission hip-hop de Sydney y a contribué aussi.
Cette culture c’est un art de vivre : c’est le rap mais aussi le break, le graff, le DJing… C’est le hip-hop. À l’époque, dans les années 1990, c’était une appartenance à un groupe bien précis et ça voulait dire beaucoup.
Ce qui m’y attire… Je sais pas trop mais je m’y sens bien dans cette culture hip-hop !
En faisant directement appel à ta mémoire, pourrais-tu nous confier trois moments marquants dans ta carrière de DJ ? Des scènes, des dates, des événements, bref, trois épisodes qui te restent en tête quand tu regardes derrière toi et qui te semblent déterminants.
Le premier, c’est quand j’ai sorti ma première mixtape Hip-hop terre à risques en 2000. Le deuxième, je dirais c’est quand j’ai joué sur la même scène que DJ Qbert à La Vapeur à Dijon en 2008. Le troisième, c’est quand j’ai eu mon blase sur un vinyle en 2017.
Notre question va peut-être te sembler bête mais pourtant, à nos yeux, elle n’est pas dénuée de sens pour nos lecteurs… Selon toi, c’est quoi être DJ ? Quelles différences vois-tu d’avec un beatmaker ? Et avec un producteur ? Peut-être y a-t-il bien plus de diversité et d’autonomie dans ta discipline…
Le DJ, pour moi, c’est celui qui mixe, qui scratche tout seul ou avec un groupe. Le beatmaker compose le son, c’est un autre job qui n’a rien à voir avec celui de DJ. Par contre, beaucoup de DJ’s sont aussi beatmaker. Le producteur c’est comme le beatmaker mais en français lol, après tu as le producteur exécutif qui met les sous sur un artiste ou un projet, c’est l’investisseur.
Je pense pas qu’il y ait plus de diversité ou d’autonomie, chaque discipline est très vaste.
En solo, quel est ton taf en tant que DJ ? Et avec un rappeur ? Et avec un groupe ?
Mon taf, c’est le mixe et le scratch en solo, avec un MC ou avec un groupe. Je suis là pour enchainer les sons du set, accompagner avec des scratches sur les refrains, montrer que le DJ fait partie du groupe et qu’il n’est pas simplement un jukebox.
Ton truc, ç’a toujours été les platines, ou tu t’es déjà essayé à peura ? Et à créer des prods ? Ou encore à faire des projets solos de A à Z ?
Avec mon premier groupe qui s’appelait Skrokri, j’avais écrit quelques textes pour motiver les MC’s de la troupe mais je me sentais plus à l’aise derrière les platines, j’ai vite lâché le mic. De temps en temps je fais de la prod pour scratcher dessus ou faire des remixes mais ça demande trop de temps et je suis de nature plutôt flemmarde..!
En projet solo, j’en ai fait qu’un, en 2003, une mixtape qui s’appelle La Source.
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ton taf et quelles sont les similitudes et les différences entre la maison, le studio, la scène et la soirée à animer genre avant les concerts ?
La plupart du temps, mon taf c’est de poser des scratches sur des morceaux. Je fais ça chez moi, au calme, je suis rarement allé enregistrer en studio – c’est pas utile.
En général, je prépare mes sets de mix à la maison, je sélectionne les morceaux que je vais jouer mais arrivé sur un concert, ça peut changer selon l’ambiance, j’essaie de m’adapter tout en jouant des sons que j’affectionne.
Généralement, comment et avec qui collabores-tu ? Es-tu un électron libre ou fais-tu partie d’un crew ? As-tu des personnes qui suivent de près ton travail et que tu retrouves en concert ?
Les collabs se font au feeling la plupart du temps et via mes connaissances. Je peux bosser avec n’importe qui, je ne fais partie d’aucun groupe mais j’ai collabore avec pas mal de groupes comme Eskisscrew, Le Maquis, Posse’tillon sur Dijon, Dan et Elio sur Besançon, Les Sales Gueules sur Grenoble… Et les rappeurs solo comme Guig’z, Stélio, Kedcro, Vxa et pleins d’autres, la liste est longue haha !
Bien sûr, c’est principalement des artistes locaux, j’ai eu la chance de faire le DJ pour Sefyu à Montbard et Swift Guad à Dijon parce qu’ils n’avaient pas de DJ mais sinon je bosse local.
Lorsque tu bosses avec quelqu’un (rappeur, groupe, organisateur de concert…), c’est généralement sur ta demande ou sur la sienne ? Est-ce que tu bosses avec quelqu’un seulement si tu apprécies et te retrouves dans son projet ? As-tu un rôle déterminant de décision auprès de lui (modification et agencement d’un morceau par exemple) ?
À 99%, on vient vers moi pour me demander des scratches ou mixes, parce que de base je fais ça pour moi, je n’ai jamais cherché à être exposé ou à collaborer avec des « têtes d’affiches ». Si je collab avec quelqu’un c’est effectivement que j’apprécie son projet. Mon travail est gratuit donc le minimum c’est que je puisse kiffer le produit fini. Si le son ne me plaît pas, je n’arriverais pas à faire un truc avec.
Je ne suis aucunement décisionnaire sur le morceau, ma seule requête, en général, c’est que mes scratches ne soient pas décalés au mix/master – la base…
Lorsqu’on écoute les créations de la scène locale, de Dijon à Strasbourg, on croise souvent ton blase. En fouillant un peu, on te voit même avec des Stélio ou encore des Swift Guad ! Petit à petit, travail à l’appui, tu es parvenu à tisser un bon réseau pour exercer ta passion ?
Oui, je tourne régulièrement avec Stélio, ça fait longtemps que l’on se connaît comme avec Kedcro, Guig’z ou d’autres selon leurs besoins. Avec Swift Guad, c’est arrivé une fois quand il est venu à Dijon parce qu’il n’avait pas de DJ et je remercie Stélio de m’avoir mis sur le plan, c’était une bête d’expérience !
C’est sûr, petit à petit j’ai réussi à me faire connaître sur la scène dijonnaise sans vraiment le vouloir et grâce aussi aux autres DJ’s qui m’ont encouragé, j’ai pu continuer à faire ce qui me plaît.
Et niveau matos/technique, avec quoi bosses-tu généralement pour quelles finalités ?
J’ai le même matos depuis 2003, ça bouge pas. Une Vestax PMC-06 et deux Technics MK2. J’ai aussi un système DVS qui permet de jouer aux platines les sons qui viennent de l’ordinateur, ça me sert énormément en soirée avec les MC’s pour passer leurs prods.
Parviens-tu à progresser encore dans ta pratique ? De quelle manière ? Aussi bien en bossant chez toi que sur scène ?
Bien sûr, c’est toujours possible de progresser surtout à l’heure actuelle avec des tutos sur le net, des écoles de DJ et le partage entre DJ’s, c’est infini comme art !
Le gros du boulot se fait à la maison en mode entraînement, perso j’adore le freestyle, moi c’est mon mode de training. Sur scène c’est différent : il faut être prêt, c’est plus du training, il faut être carré.
As-tu des grands noms de DJ, de ta discipline, peut-être trop méconnus, à nous partager ?
Le scratch est une discipline méconnue de base. Le premier à citer, bien sûr, c’est DJ Qbert et son crew ISP, ils sont en place depuis les années 1990 et personne n’a jamais réussi à être au niveau – enfin, c’est mon avis. Ensuite tu as des inconnus comme Symatic qui vient d’Angleterre, Ctrlx qui vient des États-Unis, Taztikal qui vient d’Allemagne et Twiddle qui vient de France, qui ont un level monstrueux. Je pourrais vous en citer beaucoup d’autres, la liste est très longue…
En matière de rap français, toutes périodes confondues, si tu avais trois morceaux à faire ressortir à tout prix, ce serait lesquels et pourquoi ? Et trois albums ? Et trois rappeurs/groupes ?
Akhenaton, « Un brin de haine » de l’album Métèque et mat. Furax Barbarossa feat Sendo, « Le Chant des hommes saouls » de l’album Testa nera. Oxmo Puccino, « L’Enfant seul » de l’album Opera puccino. Pourquoi ? Parce que je les kiffe à mort ces trois albums qui m’ont marqué à leur sortie, les textes et les prods sont dingues !
Écoutes-tu d’autres styles de zic et viennent-ils nourrir ton travail de DJ ?
Oui j’écoute d’autres styles de musique : reggae, D’n’B, funk, soul, musique classique, jazz… Chaque musique est source d’inspiration, c’est ce qui est intéressant, et le scratch peut accompagner tout style musical.
À l’heure actuelle, est-ce que tu te retrouves dans le monde du rap dans sa globalité ? Quelles critiques pourrais-tu lui faire ? Et quels éloges pourrais-tu en dresser ?
Ça fait bien longtemps que je suis en marge de ce monde du rap, je regarde ça de très loin…
Une critique que je pourrais faire, c’est qu’on est trop dans le « son consommable », dans le sens où les rappeurs sortent des titres sans cesse pour ne pas se faire oublier sauf que beaucoup de gens oublient vite les morceaux. Précédemment je vous ai cité des titres sortis en 1995, je suis pas sûr que dans trente ans je puisse citer des titres de maintenant, parce qu’il y en a trop tout simplement.
En éloge je dirais que je suis content de voir que les nouvelles générations de MC’s ne sont pas toutes perdues dans le game à la recherche de likes et de vues…
Chaque vendredi soir, tu animes « Dangerous ground », une émission diffusée sur Radio Campus Dijon. Tu peux nous en dire quelques mots, nous expliquer le concept et nous dire le rôle que tu y joues ?
C’est une émission de mix hip-hop de deux heures en direct que j’anime avec mon collègue DJ K-lim où l’on passe généralement les nouveautés qui nous ont tapé dans l’oreille !
Où nos lecteurs peuvent-ils suivre ton actualité ? Te contacter ? Te croiser, échanger un peu pour faire connaissance et voir pour taffer ensemble sur des projets ?
Sur Facebook, c’est le plus simple pour suivre l’actu et me contacter, ou par e-mail.
Deejuli’one, mille mercis pour le taf effectué sur nos projets, pour ta disponibilité, pour ta sympathie et, surtout, pour le temps consacré à cet entretien qui souhaite mettre en avant ta discipline et tes créations ! Les deux reufs du 901 te souhaitent tout d’bon pour la suite ! Le mot de la fin t’appartient…
Un big up à toute l’équipe ! Bravo pour votre travail et continuez à faire ce que vous aimez sans vous soucier des tendances à suivre. Peace !
Collabs de Deejuli'one : YouTube
Deejuli’one & 901 crew : le saviez-vous ?
Lors de la sortie de notre premier projet Triple diptyque en juillet 2022, Deejuli’one s’est chargé de mixer/scratcher une vingtaine de morceaux de rappeurs originaires, comme nous, de Delle, sur notre morceau « Quatre-vingt-dix mille cent », le premier des cinq tracks. De quoi ouvrir l’EP en célébrant ce qui a déjà été fait dans notre ville et d’ajouter notre pierre à l’édifice !