901 crew – Atelier d'écriture en colo d'été (hors-d'œuvre, septembre 2022, prod. 901 crew)




Paroles :

Premier couplet

Rayon d’soleil, quelques cigales, la mer et j’enfile un moule-bite,
Biftons d’oseille, petit cigare, une bière et j’m’empiffre d’un moules-frites !
Un peu comme chaque année, onze mois sur douze, j’attends les cances-va,
En somme plus casanier, quand faut filer… Branle-bas d’combat !

Bibis d’trentenaire, tatouages apparents et bob à fleurs,
Trois mille sticks 901 pour l’été, tous collés en deux heures !
Tu goûtes vite aif au rap et à la plage terminée la bronzette,
Toutes les aprèms le cul dans l’sable à gribouiller des textes !

Premier coup d’chaud passé, j’prends mon carnet, j’relis mes notes,
Lorgner sous mon crayon d’papier c’est voir tous mes secrets mon pote !
Trois décennies que chaque été j’vis toutes les illusions possibles,
L’année qui suit une flèche sur dix seulement atteint la cible !

Le mois d’juillet c’est une petite colline, un point culminant,
Pour mieux considérer la vie passée et celle qui vient devant,
Un point d’pivot, une transition… Une étape définie,
Rêver, penser, gratter… S’refaire à l’infini !

Deuxième couplet

C’est toujours fascinant comme un objet déclenche un souvenir :
Une guirlande de guinguettes où seule une ampoule sur six brille !
Un bal dansant au crépuscule et quelques robes qui vrillent !
Minuscule face au temps et à ces jours que j’avais pas vu v’nir !

Vrombissement des bateaux, la brise, les vagues, le bruit du vent,
Sonorités particulières de ma tendre enfance,
Tonalités diverses d’hier qui m’foutent en errance,
Adolescence j’ai fuie, le vague à l’âme, débris du temps…

Ici l’décor nocturne est effrayant, la nature est sauvage,
Noctambule à vingt ans et taciturne à trente berges !
De jour j’té-ma la mer amère depuis la grande berge !
De nuit c’est sous l’signe de Saturne que j’quitte plus la plage !

Mes ieuvs pleins d’élégance sur Gassin les hautes terrasses !
Ma rœuss et moi, gamins, avachis dans nos transats !
Mon reuf sur l’roc qu’enchaîne les cassés, pas les plats !
Toi et ta robe bleue sur l’quai d’gare venant d’Alsace !

Troisième couplet

À chaque été j’déraille, j’rêvasse, pour mieux réattaquer l’année
C’est en r’montant dans l’Est fin août que j’parviens à r’descendre,
Festival estival auquel j’pense quand j’suis out janvier,
J’vis mille autres vies et ça permet de raviver des cendres !

J’peux très bien être Gilliatt, ce héros des mers d’Victor Hugo,
Qui, sans faire le spectacle, d’innocence et de spleen brille !
J’peux aussi très bien être un chasseur de trésors, de p’tites gows,
À la manière du narrateur proustien dans Les Jeunes filles !

Et si j’me prends pour un vagabond – Guillaume Apollinaire !
L’amour, la poésie vont s’charger, d’mettre mon cœur à nu !
Pourquoi pas éclairer mon œuvre mais pas avec un luminaire
Plutôt l’soleil omniprésent d’un Albert Camus !

Pourquoi pas être André Derain pour mettre des couleurs tout-par ?!
Du jaune, du vert brut, du bleu et un brin d’rouge vif,
Des projets à foison mais la rentrée arrive et tout part,
Ci-mer, j’m’arrête ici, colo finie… Ma feuille j’la biffe !

© & ℗ 901 crew / Studio 9Z1doublezéro / Galère records.