901 crew – 10h50, un matin d'août 1992 (hors-d'œuvre, août 2022, instru. Mani Deïz)
Information et paroles :
L'extrait de texte lu à la fin du morceau provient des Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke (lecture diffusée par France Culture).
Mesures introductives
J’crois qu’j’suis adroit quand il s’agit de parler d’moi comme Narcisse,
De la main droite je gratte des textes qui sont des catharsis !
Toutefois toutes mes ébauches ne sont pas là que par altruisme,
Complétement gauche quand il s’agit de partager mes cataclysmes !
Premier couplet
J’débarque un siècle après l’décès de c’bon J.-R. Tolkien,
Durant une matinée d’été qui déborde de soleil…
On m’passe l’anneau trente ans après mais crois-moi j’compte pas disparaître,
À la mariée voué, bringue de hobbits, miruvor en cannette !
J’déboule avec un peu d’avance… Surprise, pépouze,
Inattendu comme la victoire du Danemark en quatre-vingt-douze !
Les légendaires Ultras Sochaux m’précèdent de quelques mois,
Pas étonnant alors qu’j’y joue un rôle avant tous nos émois !
J’arrive dans une période troublée qui voit s’écraser Furiani,
Le foot moderne, la Champion’s League – stupide épiphanie :
Époque qui commence à faner, s’affamer, s’affoler…
Époque qui finit par s’fermer, s’accabler, s’alarmer…
J’suis un enfant fin d’siècle né à la mort d’Francis Bacon,
Un brin inquiet, comme ses autoportraits, mais gamin j’papillonne,
Les potes, le foot… On raffolait tous de Zizou !
Éloge de l’insouciance, nos quatre cents coups, c’est pour tous mes zazous !
Deuxième couplet
J’débarque, nouveau millénaire, tout est à faire,
Une décennie antithétique, t’as tout et son contraire :
But euphorique de Trezeguet contre l’Italie,
Attentat des deux tours – vas-y tise la furie jusqu’à la lie…
J’déboule cent ans après la naissance d’Oliver Hardy,
Souvenirs de gosse, fou-rire de mes darons, l’enfance un paradis…
De cinquante piges après l’suicide de Zweig natif,
Années deux mille, les cours d’Histoire t’apprennent pourquoi il a quitté le monde, hâtif.
J’arrive déjà à l’âge de la compréhension
Sachant pertinemment qu’ça l’fera pas avec autant d’appréhension,
Tu connais l’dicton : « paye une clope, t’as l’deux-deux mecton ! »
Left et Ctnr, Posca Typex aux escas fiston !
J’suis un enfant conscient d’cette chance énorme
D’avoir vu et connu Sochaux dans c’tte période… Hors-norme !
J’suis d’cette génération de p’tits cons prétentieux
Qui connaissent Maastricht pour l’pilon, pas l’traité, putain quel contentieux !
Troisième couplet
J’débarque, décennie 2010, c’est deux salles, deux ambiances,
Tout juste un jeune adulte, un vieil ado, faut déjà qu’j’me r’lance !
Insouciance terminée, coup d’envoi d’la vraie vie – c’est complexe…
Des hauts, des bas, de l’inconnu – l’introspection pour réflexe !
J’déboule à BLF, au fond d’la classe, bien trop déter,
Né un siècle après Benjamin, moi aussi j’kiffe l’art et les vers !
Surtout pas faire comme ces connards qui disent r’gretter l’absence d’études,
J’suis mes envies, à l’instant-T, ni regret ni servitude !
J’arrive à Strasbourg-centre, quai des Pêcheurs,
Exempt le foot : c’est clairement elle ma ville de cœur !
Même si grandit cette saloperie d’ennemi interne, quelle belle vie !
L’amour, la fac, être externe au système à l’envi !
J’suis né cinquante ans après Meursault donc pas d’illusion,
Comme lui j’aime dire mes vérités, mes joies et mes désillusions !
Ces dernières années c’est l’éclate avec mon reuf et ma mif,
Non sans peine mais poursuivant seulement nos objectifs !
Quatrième couplet
J’débarque ! Ce jourd’hui j’ai quasiment trente balais
Tu vois l’tableau, l’bilan perso est beau, j’ai plus besoin d’relais…
J’peux pas en dire autant d’la société qui m’entoure,
J’fais pas l’rageux mais j’ai du mal avec le monde alentour.
J’déboule deux siècles après l’abolition d’la royauté
Pourtant nos politiques s’croient tout permis et ce dans l’monde entier !
Déconnectés, manipulateurs,
Qui ça étonne encore qu’plus personne ne joue son rôle d’électeur ?
J’arrive et j’ai l’même âge que ce p’tit con d’Neymar,
Tous ces gens qu’adulent des starlettes, moi j’en ai marre…
Tu sais j’suis né cent ans après la mort d’Vuitton,
La course aux thunes, à la richesse, y a plus qu’ça nous dit-on…
J’suis pas croyant ! Sans dieu ni maître
J’ai foi qu’en l’Homme mais j’fais une exception pour tous les traîtres !
J’suis né dans Internet mais allergique aux réseaux asociaux,
Je hais les flics alors que dire d’la Police de la Pensée, poto ?!
© & ℗ 901 crew / Studio 9Z1doublezéro / Galère records.